La Tunisie Tel Pays Telle Grandeur
La Tunisie, Sa capitale Tunis située dans le nord-est du pays. Plus de 30 % de la superficie du territoire est occupée par le désert du Sahara, le reste étant constitué de régions montagneuses et de plaines fertiles. Le foyer de la culture capsienne, qui a duré des millénaires. Le berceau de la civilisation avant de faire partie du royaume berbère de la Numidie. Longtemps appelée régence de Tunis. Elle passe sous protectorat français en 1881. L’indépendance le 20 mars 1956.
29/01/2024
01/01/2024
16/08/2023
13/08/2023
15/07/2023
خُـلقـتَ طليقًا كطيف النسيم
ماجدة الروم
خُلقتَ طَليقاً كَطَيفِ النَّسيمِ
وحُرًّا كَنُورِ الضُّحى في سَمَاهْ
تُغَرِّدُ كالطَّيرِ أَيْنَ اندفعتَ
وتشدو بما شاءَ وَحْيُ الإِلهْ
وتَمْرَحُ بَيْنَ وُرودِ الصَّباحِ
وتنعَمُ بالنُّورِ أَنَّى تَرَاهْ
وتَمْشي كما شِئْتَ بَيْنَ المروجِ
وتَقْطُفُ وَرْدَ الرُّبى في رُبَاهْ
كذا صاغكَ اللهُ يا ابنَ الوُجُودِ
وأَلْقَتْكَ في الكونِ هذي الحيَاهْ
فما لكَ ترضَى بذُلِّ القيودِ
وتَحْني لمنْ كبَّلوكَ الجِبَاهْ
وتُسْكِتُ في النَّفسِ صوتَ الحَيَاةِ
القويَّ إِذا مَا تغنَّى صَدَاهْ
وتُطْبِقُ أَجْفانَكَ النَّيِّراتِ عن الفجرِ
والفجرُ عَذْبٌ ضيَاهْ
وتَقْنَعُ بالعيشِ بَيْنَ الكهوفِ
فأَينَ النَّشيدُ وأينَ الإِيَاهْ
أَتخشى نشيدَ السَّماءِ الجميلَ
أَتَرْهَبُ نورَ الفضَا في ضُحَاهْ
ألا انهضْ وسِرْ في سبيلِ الحَيَاةِ
فمنْ نامَ لم تَنْتَظِرْهُ الحَيَاهْ
ولا تخشى ممَّا وراءَ التِّلاعِ
فما ثَمَّ إلاَّ الضُّحى في صِبَاهْ
وإلاَّ رَبيعُ الوُجُودِ الغريرُ
يطرِّزُ بالوردِ ضافي رِدَا
12/12/2022
La Tunisie
En 1987, il est déposé par le Premier ministre Zine el-Abidine Ben Ali, qui poursuit les principaux objectifs du « bourguibisme » tout en
libéralisant l'économie mais
exerce une présidence autoritaire et policière, caractérisée par l'importance
de la corruption. Ben Ali est chassé le 14 janvier 2011 par une révolution populaire et se réfugie en Arabie
saoudite, à Djeddah sous le coup, avec son épouse Leïla
Ben Ali, d'un mandat
d'arrêt international.
Intégrée aux principales instances de la communauté
internationale telles que l'ONU ou la Cour pénale internationale, la Tunisie fait également partie de l'Union du Maghreb arabe, de la Ligue
arabe, de la Grande zone arabe de libre-échange, du Marché
commun de l'Afrique orientale et australe, de l'Organisation de la coopération islamique, de l'Union pour la Méditerranée, de l'Union
africaine, de l'Organisation internationale de la
francophonie, du Groupe
des 77, de la Communauté des États sahélo-sahariens et du mouvement des non-alignés. La Tunisie a également conclu un accord d'association avec l'Union européenne et obtenu le statut d'allié majeur non-membre de l'OTAN.
Durant la période 2020-2021, le pays est un membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.
I. LA GEOGRAPHIE.
La Tunisie, le plus petit des États du Maghreb, se situe au nord du continent africain. Il est séparé de l'Europe par une distance de 140 km au niveau du canal de Sicile. Disposant d'une superficie de 163 610 km2, le pays est limité à l'ouest par l'Algérie avec 965 km de frontière commune, au sud - sud-est par la Libye avec 459 km de frontière et au nord et à l'est par la mer Méditerranée avec 1 566 km de côtes (2 290 km si l'on prend en compte les linéaires des îles, îlots, archipels et les linéaires artificiels). Le désert du Sahara occupe une superficie comprise entre 33 % et 40 % du territoire selon qu'on le définisse d'après son aridité ou selon des caractéristiques paysagères. La superficie des terres à vocation agricole est estimée à dix millions d'hectares, réparties en cinq millions de terres labourables, quatre millions de parcours naturels et un million de forêts et garrigues.
Article détaillé : Géographie de la Tunisie.
1. La Topographie
La Tunisie possède un relief contrasté avec une partie septentrionale et occidentale montagneuse, la dorsale tunisienne, située dans l'extension du massif montagneux de l'Atlas ; elle est coupée par la plaine de la Medjerda, le seul cours d'eau du pays qui soit alimenté de façon continue. Le point culminant du territoire est le Djebel Chambi culminant à 1 544 mètres. À l'est, une plaine s'étend entre Hammamet et Ben Gardane, via le Sahel tunisien et la Djeffara. La partie méridionale du pays, principalement désertique, est divisée entre une succession de chotts (Chott el-Gharsa, Chott el-Jérid et Chott el-Fejaj), des plateaux rocheux et les dunes du Grand Erg oriental. Le littoral parsemé de tombolos et de lagunes s'étend sur 1 566 km dont 575 de plages sablonneuses. Quelques îles dont les Kerkennah et Djerba parsèment le littoral.
2. Le Climat
Le climat de la Tunisie se divise en sept zones bioclimatiques, la grande différence entre le Nord et le reste du pays étant due à la chaîne de la dorsale tunisienne qui sépare les zones soumises au climat méditerranéen (classification de Köppen Csa) de celles soumises au climat désertique chaud (classification de Köppen BWh) typique du Sahara, le plus grand désert chaud du globe. Entre les deux, on y trouve le climat semi-aride chaud (classification de Köppen BSh) avec des caractéristiques communes aux deux principaux régimes climatiques du pays. En raison de sa situation géographique, le climat tunisien est influencé par divers types de vents : la côte nord est exposée aux vents marins doux et humides soufflant depuis le sud de la France, ce qui provoque une baisse significative des températures et une hausse des précipitations, et le sud du pays aux vents continentaux chauds et secs, tels le sirocco soufflant sur les grandes étendues désertiques et les plaines, provoquant alors une brutale hausse des températures et un net assèchement de l'atmosphère.
Le pays bénéficie également d'un taux d'ensoleillement important dépassant 3 000 heures par an et qui atteint des sommets dans le Sud désertique, aux abords des frontières algérienne et libyenne. Les températures varient en fonction de la latitude, de l'altitude et de la proximité ou de l'éloignement de la mer Méditerranée. S'il peut faire quelques degrés au-dessous de 0 °C dans les montagnes de Kroumirie en hiver, la température maximale grimpe souvent aux environs de 50 °C dans les régions désertiques en été. La pluviométrie annuelle moyenne varie également selon les régions : d'environ 1 000 millimètres au nord à environ 380 mm au centre et jusqu'à moins de 50 mm à l'extrême sud.
3. L'Environnement
La flore varie beaucoup en fonction des régions : celle des régions côtières est semblable à celle de l'Europe méridionale et comprend prairies, garrigue, maquis et forêts de chênes-lièges. Plus au sud, la végétation est de type steppique avec une dominance de l'alfa. Dans les régions arides de l'extrême sud, les oasis sont plantées de palmiers-dattiers. Quinze aires naturelles ont été érigées en parcs nationaux. Le parc national de l'Ichkeul, qui s'étend sur 12 600 hectares, est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Il existe également seize réserves naturelles qui ont pour but d'être un habitat pour des espèces ayant une valeur écologique, économique et en tant qu'écosystèmes vulnérables. Selon une étude du programme méditerranéen du WWF, la région côtière du Nord-Ouest figure parmi les treize sites de la Méditerranée qui se distinguent par leur richesse naturelle, leur biodiversité et leurs espèces végétales et animales uniques.
Dans ce contexte, la Tunisie est le pays méditerranéen le plus touché par le réchauffement climatique, lequel favorise les pénuries d'eau et l'érosion des côtes. Depuis plusieurs années, l'agriculture est exposée à des sécheresses récurrentes qui participent à l'exode rural. En outre, « pour compenser la raréfaction des pluies, les agriculteurs utilisent toujours plus d'engrais et de pesticides », souligne la chercheuse Samia Mouheli. Ainsi, selon la FAO, le pays est passé de cinq kilos d'engrais chimiques utilisés à l'hectare au début des années 1960 à près de 25 kilos au milieu des années 1990. Les pollutions industrielles, favorisées par un manque de régulation étatique, constituent également un frein au développement durable dans le pays. La Tunisie est dans une situation de stress hydrique selon les critères de l'ONU (moins de 500 mètres cubes d'eau par habitant et par an). La Medjerda, le grand fleuve tunisien, est menacé par la pollution ; sa qualité n'a cessé de baisser et, selon l'étude du ministère de l'Environnement réalisée en 2018, « 60 000 tonnes de polluants » finissent chaque année dans le fleuve.
No | Nom | Gouvernorat | Pop. (2014) | No | Nom | Gouvernorat | Pop. (2014) |
---|---|---|---|---|---|---|---|
1 | Tunis | Tunis | 1 056 247 | 11 | El Mourouj | Ben Arous | 104 538 |
2 | Sfax | Sfax | 272 801 | 12 | Gafsa | Gafsa | 95 242 |
3 | Sousse | Sousse | 221 530 | 13 | Raoued | Ariana | 94 961 |
4 | Ettadhamen-Mnihla | Ariana | 142 953 | 14 | Monastir | Monastir | 93 306 |
5 | Kairouan | Kairouan | 139 070 | 15 | La Marsa | Tunis | 92 987 |
6 | Bizerte | Bizerte | 136 917 | 16 | Ben Arous | Ben Arous | 88 322 |
7 | Gabès | Gabès | 130 914 | 17 | Kasserine | Kasserine | 83 534 |
8 | La Soukra | Ariana | 129 693 | 18 | Douar Hicher | La Manouba | 82 532 |
9 | Sidi Hassine | Tunis | 109 690 | 19 | Houmt Souk | Médenine | 75 904 |
10 | Mohamedia | Ben Arous | 106 167 | 20 | Le Kram | Tunis | 74 132 |
Source : Institut national de la statistique |
5. La Géographie Administrative
La Tunisie est divisée en 24 gouvernorats qui portent le nom de leurs chefs-lieux
|
À leur tête se trouvent des gouverneurs, nommés par le président de la République, qui sont les « dépositaires » de l'autorité de l'État. Trois institutions les aident à accomplir leurs missions : le Conseil local de développement, le Conseil rural et le Comité de quartier. Aux côtés des gouverneurs se trouvent les Conseils régionaux qui sont chargés d'examiner « toutes les questions intéressant le gouvernorat dans les domaines économiques, sociaux et culturels ». Ils donnent ainsi leur avis sur les programmes et projets que l'État envisage de réaliser dans leur gouvernorat respectif, arrêtent le budget des gouvernorats et les impôts perçus au profit de la collectivité publique et établissent des relations de coopération avec des instances étrangères de niveau régional (après approbation du ministre de l'Intérieur). Les gouvernorats sont subdivisés en 264 circonscriptions administratives : les délégations. Depuis un décret du 26 mai 2016, l'entièreté du territoire est également subdivisé en 350 municipalités. La plus petite division administrative est le secteur ou imada, dont le nombre se monte à 2 073.
II. L'HISTOIRE
Au travers des siècles, le territoire de l'actuelle Tunisie a successivement été sous influence de carthaginoise, numide, romaine, byzantine, vandale, omeyyade, aghlabide, fatimide, normande de Sicile, almohade, hafside, ottomane et française. Ces circonstances, ainsi que la position de la Tunisie à l'intersection entre le Bassin méditerranéen, l'Europe et l'Afrique, ont influencé la diversité culturelle du pays.
Article détaillé : Histoire de la
Tunisie.
1. La Préhistoire
Les premières traces de présence humaine en Tunisie datent du Paléolithique. C'est à vingt kilomètres à l'est de Gafsa, dans l'oasis d'El Guettar, que se rassemble une petite population nomade de chasseurs-cueilleurs moustériens. Michel Gruet, l'archéologue qui découvre le site, relève qu'ils consomment des dattes dont il retrouve le pollen aux alentours de la source aujourd'hui asséchée.
À une culture ibéromaurusienne, répartie sur le littoral et
relativement minime en Tunisie, succède la période du Capsien, nom créé par Jacques de Morgan et issu du latin Capsa, qui a lui-même donné le nom de l'actuelle Gafsa. Morgan définit le Capsien comme étant une culture allant du Paléolithique
supérieur au Néolithique, couvrant ainsi une période qui
s'étend du VIIIe au Ve millénaires av. J.-C. D'un point de vue ethnologique et
archéologique, le Capsien prend une importance plus grande puisque des ossements et des traces d'activité
humaine remontant à plus de 15 000 ans sont découverts dans la
région. Outre la fabrication d'outils en pierre et en silex, les Capsiens produisaient, à
partir d'ossements, divers outils dont des aiguilles pour coudre des vêtements
à partir de peaux d'animaux.
Au Néolithique (4500 à 2500 av. J.-C. environ), arrivé tardivement dans cette région, la présence
humaine est conditionnée par la formation du désert saharien, qui acquiert son climat actuel. De
même, c'est à cette époque que le peuplement de la Tunisie s'enrichit par
l'apport des Berbères, issus semble-t-il de la migration
vers le nord de populations libyques (ancien terme grec désignant les populations
africaines en général). Le Néolithique voit également le contact s'établir
entre les Phéniciens de Tyr, les futurs Carthaginois qui fondent la civilisation
punique, et les peuples
autochtones de l'actuelle Tunisie, dont les Berbères sont désormais devenus la
composante essentielle.
On observe le passage de la Préhistoire à l'Histoire principalement dans l'apport des populations phéniciennes, même si le mode de vie néolithique continue un temps à exister aux côtés de celui des nouveaux arrivants. Cet apport est nuancé, notamment à Carthage (centre de la civilisation punique en Occident), par la coexistence de différentes populations minoritaires mais dynamiques comme les Berbères, les Grecs, les Italiens ou les Ibères d'Espagne. Les nombreux mariages mixtes contribuent à l'établissement de la civilisation punique.
Article détaillé : Préhistoire de
la Tunisie.
2. De
Carthage Punique à Carthage Romaine
L'entrée de la Tunisie dans l'histoire se fait par l'expansion d'une cité issue d'une colonisation proche-orientale. La Tunisie accueille progressivement une série de comptoirs phéniciens comme bien d'autres régions méditerranéennes. Le premier comptoir selon la tradition est celui d'Utique, qui date de 1101 av. J.-C. En 814 av. J.-C., des colons phéniciens venus de Tyr fondent la ville de Carthage. D'après la légende, c'est la reine Élyssa (Didon pour les Romains), sœur du roi de Tyr Pygmalion, qui est à l'origine de la cité. Ouverte sur la mer, Carthage est également ouverte structurellement sur l'extérieur. Un siècle et demi après la fondation de la ville, les Carthaginois ou Puniques étendent leur emprise sur le bassin occidental de la mer Méditerranée.
Cette présence prend diverses formes, y compris celle de la colonisation, mais reste d'abord commerciale (comptoirs de commerce, signature de traités, etc.). La mutation vers un empire plus terrestre se heurte aux Grecs de Sicile puis à la puissance montante de Rome et de ses alliés massaliotes, campaniens ou italiotes. Le cœur carthaginois qu'est la Tunisie, à la veille des guerres puniques, possède une capacité de production agricole supérieure à celle de Rome et de ses alliés réunis, et son exploitation fait l'admiration des Romains. La lutte entre Rome et Carthage prend de l'ampleur avec l'essor des deux cités : ce sont les trois guerres puniques, qui faillirent voir la prise de Rome mais se conclurent par la destruction de Carthage, en 146 av. J.-C., après un siège de trois ans. À l'issue de la Troisième Guerre punique, Rome s'installe sur les décombres de la ville. La fin des guerres puniques marque l'établissement de la province romaine d'Afrique dont Utique devient la première capitale, même si le site de Carthage s'impose à nouveau par ses avantages et redevient capitale en 14.En 44 av. J.-C., Jules César décide d'y fonder une colonie romaine, la Colonia Julia Carthago, mais il faudra attendre quelques décennies pour qu'Auguste lance les travaux de la cité. La région connaît alors une période de prospérité où l'Afrique devient pour Rome un fournisseur essentiel de productions agricoles, comme le blé et l'huile d'olive, grâce aux plantations d'oliviers chères aux Carthaginois.
La province se couvre d'un réseau dense de cités romanisées dont les vestiges encore visibles à l'heure actuelle demeurent impressionnants : il suffit de mentionner les sites de Dougga (antique Thugga), Sbeïtla (Sufetula), Bulla Regia, El Jem (Thysdrus) ou Thuburbo Majus. Partie intégrante de la République puis de l'Empire avec la Numidie, la Tunisie devient pendant six siècles le siège d'une civilisation romano-africaine d'une exceptionnelle richesse, fidèle à sa vocation de « carrefour du monde antique ». La Tunisie est alors le creuset de l'art de la mosaïque, qui s'y distingue par son originalité et ses innovations.
Concurrents des dieux romains, des dieux indigènes apparaissent sur des frises d'époque impériale, et le culte de certaines divinités, Saturne et Caelestis, s'inscrit dans la continuité du culte voué par les Puniques à Ba'al Hammon et à Tanit, sa parèdre. Le « carrefour du monde antique » voit aussi l'installation précoce de communautés juives et, dans le sillage de celles-ci, des premières communautés chrétiennes. L'apogée du iie et du début du IIIe siècle ne va toutefois pas sans heurts, la province connaissant quelques crises au IIIe siècle av. J.-C. : elle est frappée par la répression de la révolte de Gordien Ier en 238 ; elle subit de même les affrontements entre usurpateurs au début du ive siècle.
La province est l'une des
moins touchées par les difficultés que connaît l'Empire romain entre 235 et le
début du ive siècle.
Avec la Tétrarchie, la province recouvre une prospérité
que révèlent les vestiges archéologiques, provenant tant de constructions
publiques que d'habitations privées. Cette époque est aussi le premier siècle
du christianisme officiel, devenu religion licite en 313 et religion
personnelle de l'empereur Constantin.
Article détaillé : Histoire de
Carthage.
Articles connexes : Civilisation carthaginoise et Afrique romaine
3. La Christianisation
Dans un espace ouvert sur l'extérieur comme l'est alors la province d'Afrique, le christianisme se développe de façon précoce grâce aux colons, commerçants et soldats, et la région devient l'un des foyers essentiels de la diffusion de la nouvelle foi, même si les affrontements religieux y sont violents avec les païens. Dès le iie siècle, la province applique aussi les sanctions impériales, les premiers martyrs étant attestés dès le 17 juillet 180 : ceux qui refusent de se rallier au culte officiel peuvent être torturés, relégués sur des îles, décapités, livrés aux bêtes féroces, brûlés voire crucifiés.À la fin du iie siècle,
la nouvelle religion progresse dans la province car, malgré une situation
difficile, la nouvelle foi s'implante plus vite qu'en Europe, notamment en raison du rôle social
joué par l'Église
d'Afrique qui apparaît dans la
seconde moitié du iiie siècle,
aidé en cela par une très forte densité urbaine. De plus, une fois l'Édit
de Thessalonique publié
par l'empereur Théodose Ier en 381, la christianisation
devient automatique, puisque aucun autre culte n'est permis dans l'Empire.
Ainsi, au cours du vé siècle
et sous l'action dynamique d'Augustin
d'Hippone et l'impulsion de
quelques évêques, les grands propriétaires terriens et l'aristocratie citadine se rallient au
christianisme, où ils voient leur intérêt, l'Église intégrant alors les
diverses couches sociales. Rapidement, la province d'Afrique est considérée
comme un phare du christianisme latin occidental.
Cette expansion rencontre
toutefois des obstacles, en particulier lors du schisme donatiste qui est condamné de façon définitive au concile
de Carthage. Ce dernier accuse les
schismatiques d'avoir coupé les liens entre l'Église africaine et les Églises
orientales originelles.
En dépit de cette lutte religieuse, la conjoncture économique, sociale et culturelle est relativement favorable au moment du triomphe du christianisme, comme en témoignent les nombreux vestiges, notamment de basiliques à Carthage et de nombreuses églises aménagées dans d'anciens temples païens (comme à Sbeïtla) ou même certaines églises rurales découvertes récemment. Le 19 octobre 439, après s'être rendus maîtres d'Hippone, les Vandales et les Alains entrent dans Carthage, où ils installent leur royaume pour près d'un siècle. Les Vandales sont adeptes de l'arianisme, déclarée hérésie au concile de Nicée, ce qui ne facilite pas les relations entre eux et les notables locaux majoritairement chalcédoniens. Or les Vandales exigent de la population une totale allégeance à leur pouvoir et à leur foi. En conséquence, ceux qui tentent de s'opposer aux Vandales ou à l'arianisme sont persécutés : de nombreux hommes d'Église sont martyrisés, emprisonnés ou exilés dans des camps au sud de Gafsa. Dans le domaine économique, les Vandales appliquent à l'Église la politique de confiscation dont doivent pâtir les grands propriétaires. Cependant, la culture latine reste largement préservée et le christianisme prospère tant qu'il ne s'oppose pas au souverain en place.
Dans ce contexte, le territoire, enserré par des principautés berbères, est attaqué par les tribus de nomades chameliers : la défaite, en décembre 533 à la bataille de Tricaméron, confirme l'anéantissement de la puissance militaire vandale. Carthage est prise facilement par les Byzantins dirigés par le général Bélisaire, envoyé par Justinien, le roi vandale Gélimer se rendant en 534. Malgré la résistance des Berbères, les Byzantins rétablissent l'esclavage et instituent de lourds impôts. Par ailleurs, l'administration romaine est restaurée. L'Église d'Afrique est mise au pas et Justinien fait alors de Carthage le siège de son diocèse d'Afrique. À la fin du vie siècle, la région est placée sous l'autorité d'un exarque cumulant les pouvoirs civil et militaire, et disposant d'une large autonomie vis-à-vis de l'empereur. Prétendant imposer le christianisme d'État, les Byzantins pourchassent le paganisme, le judaïsme et les hérésies chrétiennes. Pourtant, à la suite de la crise monothéliste, les empereurs byzantins, opposés à l'Église locale, se détournent de la cité. Or, avec une Afrique byzantine entraînée dans le marasme, un état d'esprit insurrectionnel secoue des confédérations de tribus sédentarisées et constituées en principautés. Ces tribus berbères sont d'autant plus hostiles à l'Empire byzantin qu'elles ont conscience de leur propre force. Avant même sa prise par les Arabes en 698, la capitale et, dans une certaine mesure, la province d'Afrique se sont vidées de leurs habitants byzantins. Dès le début du viie siècle, l'archéologie témoigne en effet d'un repli, ceci étant particulièrement évident à Carthage.4. Le Moyen Age Arabo-musulman
La première expédition
arabe sur la Tunisie est lancée en 650, à l'époque du calife Othmân
ibn Affân. Commandée par Abd
Allâh ibn Saad, l'armée arabe écrase
l'armée byzantine du patrice Grégoire près de Sbeïtla. En 666, une deuxième offensive
menée par Mu'awiya ibn Hudayj à l'époque du calife omeyyade Muʿawiya Ier se termine par la prise de
plusieurs villes dont Sousse et Bizerte. L'île de Djerba est prise en 667. La troisième
expédition, menée en 670 par Oqba
Ibn Nafi al-Fihri, est
décisive : ce dernier fonde la ville de Kairouan au cours de la même
année et cette ville devient la base des expéditions contre le Nord et
l'Ouest du Maghreb. L'invasion complète manque d'échouer avec la mort d'Ibn
Nafi en 683, à la suite d'une embuscade tendue
par le chef berbère Koceïla au sud de l'Aurès. Après la mort d'Ibn Nafi, les
Arabes évacuent Kairouan, où s'installe Koceila qui devient le maître de
l'Ifriqiya : les Byzantins ne sont plus, selon les historiens arabes, que
ses simples auxiliaires. Envoyé en 693 avec une puissante armée arabe, le
général ghassanide Hassan Ibn Numan réussit à vaincre l'exarque et
à prendre Carthage en 695. Seuls résistent certains Berbères dirigés par
la Kahena.
Les Byzantins, profitant de leur supériorité navale, débarquent une armée qui s'empare de Carthage en 696 pendant que la Kahena remporte une bataille contre les Arabes en 697. Ces derniers, au prix d'un nouvel effort, finissent cependant par reprendre définitivement Carthage en 698 et par vaincre et tuer la Kahena. Contrairement aux Phéniciens, les Arabes ne se contentent pas d'occuper la côte et entreprennent de conquérir l'intérieur du pays. Après avoir résisté, les Berbères se convertissent à la religion de leurs vainqueurs, principalement à travers leur recrutement dans les rangs de l'armée victorieuse. Des centres de formation religieuse s'organisent alors, comme à Kairouan, au sein des nouveaux ribats. On ne saurait toutefois estimer l'ampleur de ce mouvement d'adhésion à l'islam. D'ailleurs, refusant l'assimilation, nombreux sont ceux qui rejettent la religion dominante et adhèrent au kharidjisme, courant religieux musulman né en Orient et proclamant notamment l'égalité de tous les musulmans sans distinction de race ni de classe. La région reste une province omeyyade jusqu'en 750, quand la lutte entre Omeyyades et Abbassides voit ces derniers l'emporter. De 767 à 776, les kharidjites berbères sous le commandement d'Abou Qurra s'emparent de tout le territoire, mais ils se retirent finalement dans le royaume de Tlemcen, après avoir tué Omar ibn Hafs, surnommé Hezarmerd, dirigeant de la Tunisie à cette époque.
En 800, le calife abbasside Hâroun ar-Rachîd délègue son pouvoir en Ifriqiya à l'émir Ibrahim ibn al-Aghlab et lui donne le droit de transmettre ses fonctions par voie héréditaire. Al-Aghlab établit la dynastie des Aghlabides, qui règne durant un siècle sur le Maghreb central et oriental. Le territoire bénéficie d'une indépendance formelle tout en reconnaissant la souveraineté abbasside. La Tunisie devient un foyer culturel important avec le rayonnement de Kairouan et de sa Grande Mosquée, un centre intellectuel de haute renommée. À la fin du règne de Ziadet Allah Ier (817-838), Tunis devient la capitale de l'émirat jusqu'en 909. Appuyée par les tribus Kutama qui forment une armée fanatisée, l'action du prosélyte ismaélien Abu Abd Allah ach-Chi'i entraîne la disparition de l'émirat en une quinzaine d'années (893-909). En décembre 909, Ubayd Allah al-Mahdi se proclame calife et fonde la dynastie des Fatimides, qui déclare usurpateurs les califes omeyyades et abbassides ralliés au sunnisme. L'État fatimide s'impose progressivement sur toute l'Afrique du Nord en contrôlant les routes caravanières et le commerce avec l'Afrique subsaharienne. En 945, Abu Yazid, de la grande tribu des Ifrenides, organise sans succès une grande révolte berbère pour chasser les Fatimides. Le troisième calife, Ismâ`îl al-Mansûr, transfère alors la capitale à Kairouan et s'empare de la Sicile en 948. Lorsque la dynastie fatimide déplace sa base vers l'est en 972, trois ans après la conquête finale de la région, et sans abandonner pour autant sa suzeraineté sur l'Ifriqiya, le calife Al-Muʿizz li-Dīn Allāh confie à Bologhine ibn Ziri — fondateur de la dynastie des Zirides — le soin de gouverner la province en son nom. Les Zirides prennent peu à peu leur indépendance vis-à-vis du calife fatimide, ce qui culmine lors de la rupture avec ce suzerain devenu lointain et inaugure l'ère de l'émancipation berbère.
L'envoi depuis l'Égypte de
tribus arabes nomades sur l'Ifriqiya marque la réplique des Fatimides à cette
trahison. Les Hilaliens suivis des Banu Sulaym — dont le nombre total est
estimé à 50 000 guerriers et 200 000 Bédouins — se mettent en route après que
de véritables titres de propriété leur ont été distribués au nom du calife
fatimide. Kairouan résiste pendant cinq ans avant d'être occupée et pillée. Le
souverain se réfugie alors à Mahdia en 1057 tandis que les nomades
continuent de se répandre en direction de l'Algérie, la vallée de la Medjerda restant la seule route
fréquentée par les marchands. Ayant échoué dans sa tentative pour s'établir
dans la Sicile reprise par les Normands, la dynastie ziride s'efforce sans
succès pendant 90 ans de récupérer une
partie de son territoire pour organiser des expéditions de piraterie et s'enrichir grâce au commerce
maritime.
À partir du premier tiers
du xiie siècle,
la Tunisie est régulièrement attaquée par les Normands de Sicile et du Sud de
l'Italie, basés dans le royaume normano-sicilien, qui finissent par conquérir
l'ensemble du littoral tunisien et y fonde le Royaume
d'Afrique. Celui-ci est une
extension de la frontière siculo-normande dans l'ancienne province
romaine d'Afrique (alors
appelée Ifriqiya), qui correspond aujourd'hui à la
Tunisie ainsi qu'à une partie de l'Algérie et de la Libye. Les sources primaires ayant trait au royaume sont en arabe alors que les sources latines (chrétiennes) sont plus rares. Selon Hubert Houben,
étant donné qu'« Afrique » n'a
jamais été officiellement ajouté aux titres royaux des rois de Sicile « on ne devrait pas parler d'un ‘Royaume Norman d'Afrique'
à proprement parler ». L'« Afrique
normande » est plutôt une constellation de villes gouvernées
par les Normands sur la côte ifriqiyenne.
L'essor touche également
le domaine culturel avec les œuvres du grand historien et père de la
sociologie Ibn
Khaldoun ; le siècle almohade
est considéré comme l'« âge d'or » du
Maghreb. De grandes villes se développent et les plus belles mosquées sont
érigées à cette époque. Les Almohades confient la Tunisie à Abû Muhammad `Abd al-Wâhid ben Abî Hafs mais son fils Abû
Zakariyâ Yahyâ se sépare d'eux
en 1228 et fonde la nouvelle dynastie
berbère des Hafsides. Elle acquiert son indépendance
dès 1236 et dirige la Tunisie jusqu'en 1574,
ce qui en fait la première dynastie tunisienne par sa durée. Elle établit la
capitale du pays à Tunis, et la ville se développe grâce au commerce avec les
Vénitiens, les Génois, les Aragonais et les Siciliens.
Article détaillé : Tunisie à l'époque médiévale
5. La Tunisie Ottomane
La Tunisie offrant un environnement favorable, les frères Barberousse s'y illustrent : Arudj reçoit en effet du souverain hafside aux abois l'autorisation d'utiliser le port de La Goulette puis l'île de Djerba comme base. Après la mort d'Arudj, son frère Khayr ad-Din se place dans la vassalité du sultan d'Istanbul. Nommé grand amiral de l'Empire ottoman, il s'empare de Tunis en 1534 mais doit se retirer après la prise de la ville par l'armada que Charles Quint mène en 1535,. En 1560, Dragut parvient à Djerba et, en 1574, Tunis est reprise par les Ottomans, qui font de la Tunisie une province de leur empire en 1575. Pourtant, malgré leurs victoires, les Ottomans ne s'implantent guère en Tunisie
Au cours du XVIIe siècle, leur rôle ne cesse de décroître au profit des dirigeants locaux qui s'émancipent progressivement de la tutelle du sultan d'Istanbul alors que seuls 4 000 janissaires sont en poste à Tunis. Au bout de quelques années d'administration turque, plus précisément en 1590, ces janissaires s'insurgent, plaçant à la tête de l'État un dey et, sous ses ordres, un bey chargé du contrôle du territoire et de la collecte des impôts. Ce dernier ne tarde pas à devenir le personnage essentiel de la régence aux côtés du pacha, qui reste confiné dans le rôle honorifique de représentant du sultan ottoman, au point qu'une dynastie beylicale finit par être fondée par Mourad Bey en 1613. Le , Hussein Ier Bey fonde la dynastie des Husseinites. Le , Ali Metzan prend les armes contre son père, le vieux dey qu'il oblige à lui confier la direction de l'État. Des troubles éclatent dans la population et des scènes de pillages et de violences du quartier juif de Tunis ont lieu.
Quoique toujours officiellement province de l'Empire ottoman, la Tunisie acquiert une grande autonomie au XIXe siècle, notamment avec Ahmed Ier Bey, régnant de 1837 à 1855, qui enclenche un processus de modernisation.
Sous la pression franco-anglaise consécutive à l'affaire Sfez de 1857, des réformes ottomanes des Tanzimat interviennent sous la plume de Mohammed Bey qui promulgue le Pacte fondamental (Ahd El Aman) ou Pacte de sécurité le , document qui s'inscrit dans l'héritage des idéaux de la Révolution française de 178.
À cette époque, le pays vit de profondes réformes, comme l'abolition de l'esclavage et faisant suite au Pacte fondamental, l'adoption en 1861 d'une véritable Constitution, remise en 1860 par Sadok Bey à l'empereur Napoléon III, et manque même de devenir une république indépendante. Ces bouleversements s'inscrivent dans un contexte économique instable, et les musulmans s'en prennent physiquement à leurs voisins juifs accusés de profiter des réformes, à leurs biens et aux synagogues, jusqu'en 1869 où plusieurs sont tués.
Influence architecturale
Il est difficile de mesurer l'importance des influences turques qui demeurent en Tunisie. Quelques monuments affichent leur filiation ottomane à l'instar de la mosquée Sidi Mahrez à Tunis, édifiée entre 1692 et 1697. Dans un autre domaine, l'art des tapis, qui existait pour certains avant l'arrivée des Ottomans, voit les productions de Kairouan présenter au XVIIIe siècle des motifs purement anatoliens. Malgré ces influences perceptibles dans l'aspect des objets manufacturés, l'empreinte de l'Italie voisine se fait de plus en plus manifeste au cours du xviiie siècle, tant dans l'architecture que dans la décoration, marquant ainsi une ouverture du pays à l'Europe.
6. Protectorat français et lutte nationaliste
Le pays connaît toutefois
peu à peu de graves difficultés financières, en raison de la politique ruineuse
des beys, de la hausse des impôts et d'interférences
étrangères dans l'économie. Tous ces facteurs contraignent le gouvernement à
déclarer la banqueroute en 1869 et à créer une commission financière
internationale anglo-franco-italienne. La régence apparaît vite comme un enjeu
stratégique de première importance de par la situation géographique du pays, à
la charnière des bassins occidental et oriental de la Méditerranée. La Tunisie
fait donc l'objet des convoitises rivales de la France et de l'Italie.
Les consuls français et italien tentent de
profiter des difficultés financières du bey, la France comptant sur la
neutralité de l'Angleterre (peu désireuse de voir l'Italie prendre le contrôle
de la route du canal
de Suez) et bénéficiant des
calculs de Bismarck, qui souhaite la détourner de la
question de l'Alsace-Lorraine.
Les combats entre tribus
algériennes et tribus khroumirs en territoire algérien
fournissent un prétexte à Jules Ferry pour souligner la nécessité de
s'emparer de la Tunisie. En avril 1881, les troupes françaises y pénètrent sans
résistance majeure et parviennent aux abords de Tunis en
trois semaines, sans combattre. Le 12 mai 1881, le protectorat est officialisé lorsque Sadok Bey, menacé d'être destitué et remplacé
par son frère Taïeb Bey, signe le traité du
Bard au palais
de Ksar Saïd. Ceci n'empêche pas les
troupes françaises de faire face, quelques mois plus tard, à des révoltes
rapidement étouffées dans les régions de Kairouan et Sfax. Le régime du protectorat est renforcé par les conventions
de La Marsa du 8 juin
1883 qui accordent à la France le droit d'intervenir dans les affaires
internes de la Tunisie. La France représente dès lors la Tunisie sur la scène
internationale, et ne tarde pas à abuser de ses droits et prérogatives de
protecteur pour exploiter le pays comme une colonie, en contraignant le bey à
abandonner la quasi-totalité de ses pouvoirs au résident général.
Néanmoins, des progrès économiques ont lieu, notamment via les banques et les
compagnies, ainsi que le développement de nombreuses infrastructures (routes,
ports, chemins de fer, barrages, écoles, etc.).
La colonisation permet
l'expansion des cultures de céréales et de la production d'huile d'olive ainsi que l'exploitation des
mines de phosphates par la Compagnie des phosphates et des
chemins de fer de Gafsa,
ainsi que de fer par la Société du Djebel Djerissa, première entreprise tunisienne et quinzième française. Un important port militaire est
aménagé à Bizerte. De plus, les Français établissent
un système bilingue arabe et français qui permet à l'élite tunisienne de se
former dans les deux langues. La lutte contre l'occupation française commence
dès le début du xxe siècle
avec le mouvement réformiste et intellectuel des Jeunes Tunisiens fondé en 1907 par Béchir Sfar, Ali Bach Hamba et Abdeljelil
Zaouche. Ce courant nationaliste
se manifeste par l'affaire
du Djellaz en 1911 et le boycott des tramways tunisois en 1912. De 1914 à 1921, le pays vit en état
d'urgence et la presse anticolonialiste est interdite. Malgré tout, le
mouvement national ne cesse pas d'exister. Dès la fin de la Première Guerre mondiale, une nouvelle génération organisée autour d'Abdelaziz
Thâalbi prépare la naissance
du parti du Destour.
Entré en conflit avec le
régime du protectorat, le parti expose, dès la proclamation officielle de sa
création le 4 juin 1920, un programme en huit points. Après avoir fustigé
le régime du protectorat dans des journaux comme La Voix du Tunisien et L'Étendard
tunisien, l'avocat Habib Bourguiba fonde en 1932, avec Tahar Sfar, Mahmoud El Materi et Bahri Guiga, le journal L'Action
tunisienne, qui, outre
l'indépendance, prône la laïcité. Cette position originale conduit
le 2 mars 1934, lors du congrès
de Ksar Hellal, à la scission du parti
en deux branches, l'une islamisante qui conserve le nom Destour, et
l'autre moderniste et laïque, le Néo-Destour, une formation politique moderne, structurée
sur les modèles des partis socialistes et communistes européens, et déterminée
à conquérir le pouvoir pour transformer la société.
Après l'échec des
négociations engagées par le gouvernement Blum, des
incidents sanglants éclatent en 1937 et les émeutes d'avril 1938 sont
sévèrement réprimées. Cette répression conduit à la clandestinité du
Néo-Destour, qui incite les nouveaux dirigeants à ne pas exclure l'éventualité
d'une lutte plus active. En 1942, le régime
de Vichy livre Bourguiba à l'Italie, à la demande de Benito Mussolini, qui espère l'utiliser pour
affaiblir la Résistance française en Afrique du Nord.
Cependant Bourguiba ne désire pas cautionner
les régimes
fascistes et lance le 8
août 1942 un appel pour le soutien aux troupes alliées.
Pendant ce temps, la Tunisie est le théâtre d'importantes opérations
militaires connues sous le nom de campagne
de Tunisie Après plusieurs mois
de combats et une contre-offensive blindée allemande dans la région de Kasserine et Sidi
Bouzid au début de l'année
1943, les troupes du Troisième
Reich sont contraintes de
capituler le 11 mai dans le cap Bon, quatre jours après l'arrivée des
forces alliées à Tunis. Après la Seconde
Guerre mondiale, les dirigeants
nationalistes inscrivent la résistance armée dans la stratégie de libération
nationale. Des pourparlers sont menés après la guerre avec le gouvernement
français, si bien que Robert Schuman évoque en 1950 la possibilité
de l'indépendance de la Tunisie en plusieurs étapes. Mais le gouvernement français met fin aux négociations avec le gouvernement tunisien par la note du 15 décembre
1951 affirmant le « caractère définitif du lien qui unit la France à la
Tunisie ».
Bourguiba demande à Chenik
de porter le différend franco-tunisien devant l'ONU afin
d'internationaliser le problème. La requête est signée le 11
janvier et, le 13 janvier, Salah Ben Youssef et Hamadi Badra quittent Tunis
pour Paris, où ils comptent enregistrer la plainte. Cependant, le 17 janvier, le gouvernement français déclare qu'elle ne peut être examinée par
le Conseil de sécurité puisque « la note est signée par des Tunisiens qui n'ont pas le
droit de le faire sans l'accord du Bey, seul dépositaire de la souveraineté
tunisienne. La France a la charge des Affaires étrangères de la Tunisie ;
ce document aurait dû être remis au Résident qui est seul habilité à le
transmettre ».
Avec l'arrivée du nouveau résident général, Jean de Hauteclocque, le 13 janvier 1952, et l'arrestation, le 18 janvier, de 150 destouriens dont Bourguiba, débutent la révolte armée, la répression militaire française et un durcissement des positions de chaque camp. Le 26 mars, devant le refus catégorique de Lamine Bey de congédier le gouvernement qui avait porté cette plainte à l'ONU, de Hauteclocque fait arrêter Chenik, El Materi, Mohamed Salah Mzali et Mohamed Ben Salem, placés en résidence forcée à Kébili dans le Sud du pays pendant que Bourguiba est transféré à Remada ; c'est le coup de force du 26 mars. Le 5 décembre a lieu l'assassinat du syndicaliste Farhat Hached par l'organisation colonialiste extrémiste de la Main rouge, qui déclenche grèves et manifestations, puis leur répression et des émeutes, grèves, tentatives de sabotage et jets de bombes artisanales.
Le développement de la
répression, accompagnée de l'apparition du contre-terrorisme, incite les nationalistes à prendre
plus spécifiquement pour cibles les colons, les fermes, les entreprises
françaises et les structures gouvernementales. C'est pourquoi les années 1953
et 1954 sont marquées par la multiplication des attaques contre le système
colonial.
En réponse, près de
70 000 soldats français sont mobilisés pour arrêter les guérillas des
groupes tunisiens dans les campagnes. Cette situation difficile est apaisée par
la reconnaissance de l'autonomie interne de la Tunisie, concédée par Pierre
Mendès France dans son discours
de Carthage le 31 juillet
1954. C'est finalement le 3 juin 1955 que les conventions
franco-tunisiennes sont signées entre le Premier ministre tunisien Tahar
Ben Ammar et son homologue
français Edgar
Faure. En dépit de l'opposition
de Salah
Ben Youssef, qui sera exclu du parti,
les conventions sont approuvées par le congrès du Néo-Destour tenu à Sfax le 15 novembre de la même année. Après de nouvelles
négociations, la France finit par reconnaître « solennellement
l'indépendance de la Tunisie » le 20 mars 1956, tout en
conservant la base militaire de Bizerte.
Le pays connaît toutefois peu à peu de graves difficultés financières, en raison de la politique ruineuse des beys, de la hausse des impôts et d'interférences étrangères dans l'économie. Tous ces facteurs contraignent le gouvernement à déclarer la banqueroute en 1869 et à créer une commission financière internationale anglo-franco-italienne. La régence apparaît vite comme un enjeu stratégique de première importance de par la situation géographique du pays, à la charnière des bassins occidental et oriental de la Méditerranée. La Tunisie fait donc l'objet des convoitises rivales de la France et de l'Italie. Les consuls français et italien tentent de profiter des difficultés financières du bey, la France comptant sur la neutralité de l'Angleterre (peu désireuse de voir l'Italie prendre le contrôle de la route du canal de Suez) et bénéficiant des calculs de Bismarck, qui souhaite la détourner de la question de l'Alsace-Lorraine.
Article détaillé : Protectorat français de Tunisie.
7. Tunisie Indépendante
Le 25 mars 1956, l'Assemblée constituante est élue : le Néo-Destour en remporte tous les sièges et Bourguiba est porté à sa tête le 8 avril de la même année. Le 11 avril 1956, il devient le Premier ministre de Lamine Bey. Le Code du statut personnel, à tendance progressiste, est proclamé le 13 août. Finalement, le 25 juillet 1957, la monarchie est abolie ; la Tunisie devient une république dont Bourguiba est élu président le 8 novembre 1959.
Le 8 février 1958, en pleine guerre d'Algérie, des avions de l'armée française franchissent la frontière algéro-tunisienne et bombardent le village tunisien de Sakiet Sidi Youssef. En 1961, dans un contexte d'achèvement prévisible de la guerre, la Tunisie revendique la rétrocession de la base de Bizerte. La crise qui suit fait près d'un millier de morts, essentiellement tunisiens, et, devant la crainte d'une flambée de violence contre leur communauté, pousse 4 500 Juifs à quitter le pays en 1962.
Politiquement, la France finit, le 15 octobre 1963, par rétrocéder la base à l'État tunisien. Avec l'assassinat de Salah Ben Youssef, principal opposant de Bourguiba depuis 1955, à Francfort et l'interdiction du Parti communiste (PCT) le 8 janvier 1963, la République tunisienne devient un régime de parti unique dirigé par le Néo-Destour. En mars 1963, Ahmed Ben Salah entame une politique « socialiste » d'étatisation pratiquement totale de l'économie. Lors de la guerre des Six Jours, en juin 1967, des milliers de manifestants détruisent les magasins juifs et incendient la Grande synagogue de Tunis et ses livres sacrés, ce qui pousse près de 10 000 Juifs tunisiens à quitter le pays.
Des émeutes contre la
collectivisation des terres dans le Sahel tunisien le 26 janvier
1969 poussent au limogeage de Ben Salah le 8 septembre avec la fin de l'expérience socialiste. Le taux de croissance
annuel du PIB passe cependant de 3,6 % pour les années 1950 à 5,7 %
pour les années 1960, et la croissance par tête à
2,9 % contre 1,2 % pour les années 1950. Avec une économie affaiblie
par cet épisode et un panarabisme défendu par Mouammar Kadhafi, un projet politique qui unifierait
la Tunisie et la République arabe libyenne sous le nom de République arabe islamique est lancé en 1974 mais échoue
très rapidement en raison des tensions tant nationales qu'internationales.
Après la condamnation à
une lourde peine de prison de Ben Salah, rendu responsable de l'échec de la
politique des coopératives, viennent l'épuration de l'aile
libérale du PSD animée par Ahmed Mestiri puis la proclamation de
Bourguiba comme président à vie en 1975. C'est dans ces conditions, marquées
par un léger desserrement de l'étau du PSD sous le gouvernement d'Hédi Nouira, que l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) gagne en autonomie tandis que naît en
1976 la Ligue tunisienne des droits de l'homme, première organisation nationale des droits de
l'homme en Afrique et dans le monde arabe. Le coup de force du « Jeudi noir » contre l'UGTT en janvier
1978 puis l'attaque contre la ville
minière de Gafsa, en janvier 1980, ne suffisent pas à museler la société civile émergente.
Dès le début des années 1980, le pays traverse une crise politique et sociale où se conjuguent le développement du clientélisme et de la corruption, la paralysie de l'État devant la dégradation de la santé de Bourguiba, les luttes de succession et le durcissement du régime. En 1981, la restauration partielle du pluralisme politique, avec la levée de l'interdiction frappant le Parti communiste, suscite des espoirs qui seront déçus par la falsification des résultats aux élections législatives de novembre. Par la suite, la répression sanglante des « émeutes du pain » de décembre 1983, la nouvelle déstabilisation de l'UGTT et l'arrestation de son dirigeant Habib Achour contribuent à accélérer la chute du président vieillissant. La situation favorise la montée de l'islamisme et le long règne de Bourguiba s'achève dans une lutte contre cette mouvance politique, lutte menée par Zine el-Abidine Ben Ali, nommé ministre de l'Intérieur puis Premier ministre en octobre 1987. Durant ces années 1980, plusieurs incidents visent la communauté juive ou ses synagogues comme durant le Yom Kippour 1982 dans plusieurs villes du pays, en octobre 1983 à Zarzis, en 1985 à la Ghriba, qui font prendre des mesures au gouvernement pour assurer sa protection.
Le 7 novembre 1987,
Ben Ali dépose le président pour sénilité, un coup d'État médical accueilli
favorablement par une large fraction du monde politique. Élu le 2 avril
1989 avec 99,27 % des voix, le nouveau président réussit à relancer
l'économie alors que, sur le plan de la sécurité, le régime s'enorgueillit
d'avoir épargné au pays les convulsions islamistes qui ensanglantent l'Algérie
voisine, grâce à la neutralisation du parti Ennahdha au prix de l'arrestation de
dizaines de milliers de militants et de multiples procès au début des années
1990. Les opposants laïcs signent quant à eux le Pacte national en 1988,
plate-forme destinée à la démocratisation du régime. Pourtant, l'opposition et de nombreuses ONG de défense des droits
de l'homme accusent peu à peu
le régime d'attenter aux libertés publiques en étendant la répression
au-delà du mouvement islamiste. En 1994, le président Ben Ali est réélu avec
99,91 % des voix.
L'année suivante, un
accord de libre-échange est signé avec l'Union
européenne. Les élections du 24 novembre
1999, bien qu'elles soient les premières présidentielles à être pluralistes
avec trois candidats, voient le président Ben Ali réélu avec un score
comparable aux scrutins précédents. La réforme de la Constitution approuvée par
le référendum du 26 mai 2002 accroît encore les pouvoirs du
président, repousse l'âge limite des candidats, supprime la limite des trois
mandats réintroduite en 1988 et permet au président de briguer de nouveaux
mandats au-delà de l'échéance de 2004 tout en bénéficiant d'une immunité
judiciaire à vie.
Le 11 avril 2002, un
attentat au camion piégé vise à nouveau la synagogue de la Ghriba et provoque la mort de 19 personnes dont
quatorze touristes allemands. Durant le premier semestre 2008, de graves
troubles secouent la région
minière de Gafsa durement frappée par le chômage et la pauvreté. Le 25 octobre 2009, le
président Ben Ali est réélu pour un cinquième mandat consécutif avec
89,62 % des voix, passant pour la première fois sous la barre des
90 %. La campagne est marquée par une visibilité accrue de son
épouse Leïla. L'un des gendres du couple, Mohamed
Sakhr El Materi, est élu député à cette
occasion.
Article détaillé : Histoire de la Tunisie depuis 1956.
8. Tunisie Post-Révolution
Le 17 décembre 2010,
un climat insurrectionnel éclate à la suite de l'immolation d'un jeune vendeur
de fruits et légumes ambulant, Mohamed Bouazizi, dans la région de Sidi
Bouzid ; celle-ci devient
le théâtre d'émeutes et d'affrontements meurtriers entre habitants et forces de
l'ordre. C'est le début du mouvement que l'on va appeler Printemps arabe.0:38
Ces événements, qui
s'étendent ensuite à d'autres régions du pays, s'inscrivent dans un contexte où
le taux de chômage des jeunes diplômés est particulièrement élevé alors que le
poids démographique relatif des jeunes générations d'actifs atteint son maximum
historique. Les causes sont également politiques : le président Ben Ali et
sa famille, notamment celle de sa seconde épouse Leïla, les Trabelsi, qualifiés selon les observateurs
de « clan quasi-mafieux », sont directement mis en cause dans
des affaires de corruption, de détournement ou de vol, fléaux qui ont
particulièrement pris de l'ampleur sous sa présidence. Le 13 janvier 2011,
Ben Ali annonce la prise de mesures extraordinaires lors d'une intervention
télévisée : la promesse d'une pleine liberté
de la presse et d'expression politique ainsi que son refus
de se représenter aux élections prévues en 2014. Cependant, cette allocution ne
contribue pas à calmer la colère de la population, contraignant le président à
céder finalement le pouvoir à son Premier ministre Mohamed
Ghannouchi le lendemain et à
quitter le pays le soir même. Conformément à la Constitution de 1959, le
président de la Chambre des députés, Fouad Mebazaa, est finalement proclamé président
par intérim par le Conseil constitutionnel le 15 janvier.
Il est chargé d'organiser
des élections présidentielles dans les soixante jours. Le 17 janvier, un « gouvernement d'union nationale » de 24
membres incluant des opposants au régime déchu (dont trois chefs de
l'opposition légale) est constitué. Le jour même, la libération de tous les
prisonniers d'opinion, la levée de l'interdiction d'activité de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, « la liberté
totale de l'information » ainsi que la légalisation de tous
les partis politiques et associations qui le demanderaient, est annoncée.
Cependant, la présence de membres du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) à des postes clés
provoque de nouveau, en moins de 24 heures, la
colère de la population et la démission de plusieurs ministres d'opposition,
fragilisant d'autant plus ce gouvernement. Le départ ou la radiation du RCD de
plusieurs personnalités éminentes n'ont aucun effet sur la suspicion que
l'opinion publique entretient à l'égard de l'ancien parti présidentiel, dont
plusieurs manifestants réclament la dissolution. Cependant, le 20 janvier, les ministres encore affiliés à cette formation annoncent l'avoir
quitté eux aussi. Face à la pression de la rue exigeant leur départ, un
remaniement ministériel a lieu le 27 janvier, écartant définitivement (hormis
Mohamed Ghannouchi) les anciens membres du RCD de toutes responsabilités
gouvernementales. Le 6 février, le ministre de l'Intérieur Farhat Rajhi gèle les activités du RCD en
attendant sa dissolution juridique, tandis que le Parlement confère au
président par intérim des pouvoirs supplémentaires, comme celui de dissoudre le
Parlement.
Ghannouchi est cependant
contraint de démissionner à son tour le 27 février à la suite de plusieurs
jours de manifestations marquées par des violences ; il est remplacé le
jour même par l'ancien ministre de Bourguiba, Béji
Caïd Essebsi. L'état
d'urgence, en vigueur à partir de
janvier 2011, est maintenu.
Le 15 septembre 2012,
de violentes émeutes éclatent à Tunis à la suite de la diffusion du film L'Innocence des musulmans. Alors que les forces de l'ordre restent passives, certains groupes salafistes
prennent d'assaut l'ambassade des États-Unis et l'incendient, détruisant
plusieurs véhicules et bâtiments. Mis sous pression par les États-Unis, le
gouvernement décide de réagir et envoie l'armée et la garde présidentielle pour
repousser les manifestants. Les affrontements font deux morts et plusieurs
blessés. Dans les mois qui suivent, l'armée et la garde nationale prennent
la relève pour combattre les groupuscules salafistes et djihadistes qui sont
actifs sur le territoire. L'état d'urgence est prolongé de trois mois en
novembre 2012, pour n'être finalement levé qu'en mars 2014.
Après les élections législatives du 26 octobre 2014, qui voit le parti Nidaa Tounes arriver en tête, l'Assemblée des représentants du peuple remplace l'Assemblée constituante. Le premier
tour de l'élection présidentielle a lieu le 23
novembre et voit s'affronter
27 candidats dont deux, en la personne de Béji
Caïd Essebsi (Nidaa Tounes) avec
39,46 % des voix et Moncef Marzouki avec 33,43 % des voix,
sont qualifiés pour le second tour organisé le 21 décembre et qui permet à Caïd Essebsi de remporter le scrutin avec
55,68 % des voix contre 44,32 % des voix pour Marzouki et de
devenir ainsi le premier président issu d'une élection démocratique et
transparente. Le quartet du dialogue national, association de quatre organisations s'étant donné pour but d'organiser
des négociations entre les partis politiques pour
assurer la transition vers un régime
démocratique permanent, obtient le prix
Nobel de la paix 2015. Ce prix est le premier Nobel attribué à un ressortissant ou
organisation de la Tunisie après son indépendance. Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, exprime sa joie et félicite le quartet tout en
affirmant que ce prix est dédié à tous les Tunisiens qui ont commencé le Printemps arabe. François
Hollande, président de la République française, affirme dans un communiqué que le prix prouve le
succès de la transition démocratique en Tunisie, que ce pays est sur la bonne
voie et qu'il est le seul parmi les pays du Printemps arabe à réussir son
évolution transitoire vers la démocratie.
En 2017 et 2018, le pays
est touché par des vagues de contestation de la jeunesse tunisienne qui
manifeste dans plusieurs villes du pays. En effet, à partir du début du mois, à
Tunis, Gabès, Thala, Jilma, Kasserine, Sidi
Bouzid, ou encore Gafsa, des Tunisiens expriment leur ras le bol face à la cherté de la vie, l'inflation (6,4 % en 2017) et un
chômage omniprésent (15 % de la population active et 30 % des jeunes
diplômés de l'enseignement supérieur). Cette vague de contestation contre une
politique d'austérité économique serait organisée par le Front populaire. Les
heurts avec les policiers et forces de l'ordre font une victime et plusieurs
blessés, et des centaines de manifestants sont arrêtés. L'Observatoire social
tunisien recense 5 000 mouvements de protestation en 2015, plus de
11 000 en 2017 et 4 500 pour les quatre premiers mois de 2018.
Depuis 2011, les
gouvernements successifs ont fait appel au Fonds monétaire international (FMI) pour tenter de redresser la situation économique du pays. Un
prêt de 1,74 milliard de dollars est accordé en juin 2013, puis
un second de 2,9 milliards de dollars en 2016. Le FMI n'accorde toutefois
ces prêts qu'en contrepartie d'un plan de réformes libérales, telles que
l'augmentation de certains impôts, la réduction de la masse salariale dans la fonction publique, la réduction des subventions sur les prix des carburants, ou encore de la modification du système de retraite. En avril 2016, le
gouvernement accepte le principe de l'indépendance de la banque centrale,
donnant la priorité au contrôle de l'inflation sur le soutien au développement
économique. Depuis le printemps 2017, elle laisse filer le dinar, dont la valeur face à l'euro baisse de près de moitié. Face
au poids de la dette, l'État doit consacrer plus de 20 % de son budget à
rembourser ses créanciers, ce qui neutralise ses capacités d'investissement.
Le président Béji
Caïd Essebsi meurt le 25
juillet 2019, à 92 ans. Fin 2019, un double
scrutin, législatif le 6 octobre,
et présidentiel, avec un premier tour en
septembre et le second tour le 13 octobre, se déroule sans heurts, montrant une
certaine maturité de la démocratie électorale en Tunisie. Les élections
législatives aboutissent cependant à une assemblée fragmentée entre diverses
formations. L'élection présidentielle propulse à la tête de l'État un nouveau
venu dans le monde politique, un juriste et universitaire spécialiste du droit
constitutionnel, âgé de 61 ans, Kaïs Saïed, élu avec une confortable avance
face, au second tour, à l'homme d'affaires Nabil Karoui. Kaïs Saïed propose durant sa
campagne une vison associant un certain conservatisme moral et religieux,
un souverainisme, et un mode de fonctionnement
démocratique à rebours de l'organisation centralisée bourguibienne. Le 25 juillet 2021, invoquant
l'article 80 de la Constitution, il limoge le gouvernement Mechichi avec effet immédiat, annonce la suspension de l'assemblée, la
formation d'un nouveau gouvernement et sa décision de gouverner par décrets et
de présider le parquet, provoquant ainsi une crise politique. Le 22
septembre, il confirme par décret le prolongement des décisions ainsi que la
dissolution de l'Instance provisoire chargée du
contrôle de la constitutionnalité des projets de loi, et s'octroie le droit de gouverner
par décret, récupérant de facto le pouvoir législatif.
Le 13 décembre, il annonce la tenue d'un référendum constitutionnel qui se solde par la large
approbation d'une nouvelle Constitution mettant notamment en
place un régime
présidentiel, malgré un taux de
participation d'un peu plus de 30 % des inscrits.
Article connexe : Révolution tunisienne.
III. POLITIQUE
1. Politique Intérieure
Une Assemblée constituante rédige une Constitution proclamée le 1er juin
1959, trois ans après l'indépendance. Elle subit plusieurs amendements dont
celui du 12 juillet 1988 pour limiter le nombre de mandats
présidentiels à trois et celui du 1er juin 2002 à la
suite du référendum constitutionnel tenu le 26 mai de la
même année, permettant notamment la suppression de la limite du nombre de
mandats présidentiels, l'allongement de l'âge limite pour déposer une
candidature à la présidence, l'instauration d'une immunité judiciaire pour le
président durant et après l'exercice de ses fonctions et l'instauration d'un
Parlement bicaméral.
Le manque de transparence
politique, la faible liberté
d'expression et la censure, notamment de la presse et de nombreux sites web, ont longtemps fait qu'une situation
politique précise de la Tunisie a été difficile à déterminer. De
nombreuses ONG internationales ont
toutefois pointé du doigt les atteintes aux droits
de l'homme, notamment en ce qui
concerne les atteintes à la liberté d'expression, les prisonniers politiques et
d'opinion, l'instrumentalisation de la justice par le pouvoir
exécutif, la torture et la situation dans les prisons, ainsi que le harcèlement de
toute dissidence
politique. De leur côté, les autorités
de l'époque ont fait valoir que leurs efforts en matière de droits de l'homme
ont été officiellement reconnus par des instances internationales comme
le Conseil des droits de l'homme des Nations unies dont les membres ont souligné,
avec quelques réserves pour certains, les progrès accomplis par le pays en la
matière.
La Tunisie ne connaît que
deux présidents de la République en cinq décennies : Bourguiba du 25 juillet
1957 au 7 novembre 1987 puis Zine
el-Abidine Ben Ali du 7 novembre
1987 au 14 janvier 2011. Au niveau des partis, le Néo-Destour puis le Parti socialiste destourien et le Rassemblement constitutionnel démocratique dominent la vie politique après
l'indépendance, dont une vingtaine d'années en tant que seul parti politique
légal, avec plus de deux millions d'adhérents revendiqués.
La révolution du 14 janvier 2011 et
la chute du régime Ben Ali changent la donne. Le Rassemblement constitutionnel
démocratique est dissous et la scène politique compte rapidement une centaine
de partis politiques. Fouad Mebazaa assure à titre intérimaire la
présidence de la République du 15
janvier au 13 décembre
2011, avant d'être remplacé par Moncef Marzouki à partir du 13 décembre
2011. Mohamed Ghannouchi, ayant assuré l'intérim du pouvoir durant 24 heures après la fuite de Ben Ali, est placé à la
tête du gouvernement de transition avant d'être remplacé par Béji
Caïd Essebsi. La Chambre des députés
et la Chambre des conseillers sont dissoutes et leurs pouvoirs assumés de fait
par la Haute instance pour la réalisation
des objectifs de la révolution puis, à la suite de l'élection du 23 octobre 2011, premier scrutin pluraliste et
transparent organisé par l'Instance supérieure indépendante pour
les élections au détriment
du ministère de l'Intérieur, par l'Assemblée constituante. La Constitution est suspendue et
remplacée par le décret-loi du 23 mars 2011 puis la loi constituante du 16 décembre 2011. Hamadi Jebali forme alors un gouvernement
de coalition dominé par Ennahdha, reconduit par Ali Larayedh à partir du 13 mars 2013.
En 2014, une nouvelle Constitution est votée par l'Assemblée constituante qui établit un régime
semi-présidentiel où le président de la République conserve des pouvoirs en
matière de politique étrangère, de défense et de sécurité intérieure. Il est
élu tous les cinq ans au suffrage
universel et ne peut prétendre
qu'à deux mandats présidentiels. Responsable de l'action gouvernementale, le
chef du gouvernement est le candidat du parti ou de la coalition qui obtient la
majorité de siège à l'Assemblée des représentants du peuple. Il est nommé par le président de la République et
définit la politique générale de l'État. Le pouvoir législatif, monocaméral,
est exercé par l'assemblée composée de 217 députés.
Mehdi Jomaa forme un gouvernement de technocrates le 29 janvier 2014 après l'adoption de la nouvelle Constitution. Après les élections législatives du 26 octobre 2014, qui voit Nidaa Tounes arrivé en tête, l'élection présidentielle, organisée en deux tours, voit Béji Caïd Essebsi, leader de Nidaa Tounes, être élu avec 55,68 % des voix contre 44,32 % des voix pour Marzouki. Habib Essid forme dans la foulée un nouveau gouvernement, remplacé à l'été 2016 par celui de Youssef Chahed. Transparency International place en 2018 la Tunisie au 73e rang sur 180 pays pris en compte dans son classement selon l'indice de perception de la corruption. Le 29 septembre 2021, Najla Bouden est nommée chef du gouvernement ; c'est la première fois de l'histoire du pays qu'une femme est nommée à ce poste.
Article détaillé : Politique en Tunisie
2. Politique Extérieure
Le premier
président, Habib
Bourguiba, choisit le non-alignement durant la guerre froide tout en ayant des relations
étroites avec l'Europe et les États-Unis. Son successeur, Zine
el-Abidine Ben Ali, maintient la tradition
tunisienne de bonnes relations avec l'Occident tout en jouant un rôle actif
dans les instances régionales arabes et africaines : le pays accueille, en
mai 2004, la 16e session ordinaire du sommet de la Ligue arabe (dont la Tunisie est membre
depuis 1958) au cours de laquelle est adoptée la Charte arabe des droits de
l'homme et envoie régulièrement de l'aide humanitaire aux Palestiniens et aux États en crise. Le pays
est également un membre fondateur de l'OUA, dont elle assure la
présidence en 1994-1995, avant de participer à la fondation de l'Union africaine en juillet 2002.
La Tunisie a également
soutenu le développement de l'Union
du Maghreb arabe qui inclut l'Algérie, le Maroc, la Mauritanie et la Libye. Toutefois, ses progrès restent limités en raison de tensions entre
l'Algérie et le Maroc à propos du Sahara occidental. En février 2001, la Tunisie adhère
à la Communauté des États sahélo-sahariens et accueille le siège de la Banque africaine de développement en 2003. Le pays est depuis longtemps une voix modératrice sur la
question du Proche-Orient : Bourguiba est ainsi le
premier dirigeant arabe à appeler à la reconnaissance d'Israël par les pays arabes dans un
discours prononcé à Jéricho le 3 mars 1965.
Le pays abrite le quartier
général de la Ligue arabe de 1979 à 1990 ainsi que celui de l'OLP de 1982 à 1993,
jusqu'à ce que son comité exécutif s'installe dans les Territoires
occupés, bien que son département
politique reste à Tunis. Le pays joue également un rôle modérateur dans les
négociations de paix au Proche-Orient : la Tunisie est le premier pays
arabe à recevoir une délégation israélienne en 1993, dans le cadre du processus
de paix, et maintient une représentation en Israël jusqu'au début de la seconde intifada en 2000.
Coincée entre l'Algérie et
la Libye, la Tunisie a toujours cherché à maintenir de bonnes relations avec
ses voisins malgré des tensions occasionnelles. La Tunisie et l'Algérie ont
résolu un long litige frontalier en 1993 et ont coopéré dans la construction
du gazoduc transméditerranéen menant vers
l'Italie. La Tunisie a par ailleurs récemment
signé un accord avec l'Algérie pour démarquer la frontière maritime entre les
deux pays.
Vis-à-vis de son autre
voisin, les relations sont plus difficiles à partir de l'annulation par la
Tunisie d'un accord visant à la formation d'une union tuniso-libyenne en 1974. Les relations
diplomatiques sont rompues entre 1976 et 1977 puis se détériorent à nouveau en
1980 lorsque des rebelles appuyés par la Libye tentent de prendre la ville
de Gafsa. En 1982, la Cour internationale de justice tranche le différend relatif à la partition du plateau continental frontalier
(riche en pétrole) en faveur de la Libye. L'expulsion
par la Libye de nombreux travailleurs tunisiens en 1985 et les menaces militaires
américaines conduisent la Tunisie à restreindre leurs relations qui sont à
nouveau normalisées dès 1987. Tout en soutenant les sanctions de l'ONU imposées à la Libye,
à la suite de bombardements aériens américains, la Tunisie
prend soin de maintenir de bonnes relations avec son voisin. Elle soutient
ainsi la levée de ces sanctions en 2003, la Libye redevenant ainsi l'un de ses
partenaires commerciaux majeurs. Néanmoins, les deux pays ont encore un
contentieux maritime sur leur frontière commune.
La Tunisie revendique
également sa dimension méditerranéenne. Elle participe ainsi au Forum
méditerranéen, dont elle organise l'édition 2005, et devient le premier pays
du bassin
méditerranéen à signer, le 17
juillet 1995, un accord d'association avec l'Union
européenne dans le but de
renforcer son ancrage à l'Europe. Avec son plus proche voisin européen, Malte, la Tunisie discute actuellement de l'exploitation pétrolière du
plateau continental qui se trouve entre les deux pays.
L'action politique de la
Tunisie dépasse pourtant les frontières régionales. Lors d'un discours prononcé
devant l'Assemblée générale des Nations unies en 1999, le président Ben Ali appelle à la
création d'un Fonds mondial de solidarité (en s'inspirant du Fonds de solidarité nationale) visant à contribuer à la lutte contre la pauvreté dans les zones les plus déshéritées dans le monde. L'Assemblée
générale adopte à l'unanimité, le 20 décembre 2002, une résolution portant
création de ce fonds et instaurant les modalités pratiques requises pour sa
mise en place.
Article détaillé : Politique étrangère de la Tunisie.
3. Défense
La défense extérieure de
la Tunisie est exercée par l'armée. Fondée le 30 juin 1956, elle compte un
personnel régulier de 35 500 personnes dont 27 000 dans l'Armée
de terre. Elle participe surtout à des activités civiles de développement et de
lutte contre les catastrophes
naturelles et à des opérations
militaires de maintien
de la paix sous couvert
des Nations unies.
Article détaillé : Forces
armées tunisiennes.
IV. JUSTICE
Le droit tunisien reste
largement inspiré par le droit français, tant dans son contenu que dans ses
grandes divisions (public et privé) et ses structures.
La Constitution garantit
les principes fondamentaux suivants :
- l'indépendance de la justice (art. 100 de
la Constitution de 2014) ;
- le droit à un procès équitable et à la défense (art. 105 de la Constitution)
- l'égalité des citoyens et citoyennes devant la loi
et la garantie des libertés et droits individuels et collectifs.
Sous les régimes de Habib Bourguiba et Zine
el-Abidine Ben Ali, la justice tunisienne
demeure influencée par le pouvoir exécutif. Ainsi, en tant que chef du Conseil
supérieur de la magistrature, le président nomme par décret les magistrats, les révoque ou les transfère sur
proposition dudit conseil. Certains principes fondamentaux du droit, comme le
principe de la présomption
d'innocence (art. 12 de
la Constitution de 1959) et
la non-rétroactivité de la loi (art. 13 de
la Constitution de 1959), sont garantis, tout comme l'inviolabilité de
domicile, la liberté de mouvement et les libertés d'opinion, d'expression, de
publication, de réunion et d'association, mais ces droits peuvent être
toutefois limités par des dispositions légales ou la sécurité d'État (art. 8-10). Le système juridictionnel est alors
précisé par la loi portant sur l'organisation judiciaire de 1967, les règles de
compétence (attribution, compétence territoriale et compétence d'exception)
étant établies dans d'autres textes dont le Code de procédure pénale du 24
juillet 1968.
Le système judiciaire est
composé de trois grands ensembles :
1. les juridictions judiciaires composées de la Cour de cassation,
de tribunaux de second degré et de tribunaux de première instance ;
2. les juridictions administratives composées du Tribunal administratif
supérieur, de tribunaux administratifs d'appel et de tribunaux
administratifs de première instance.
3. les juridictions financières composées de la Cour des comptes avec ses différentes instances.
Les tribunaux militaires
sont compétents en matière de crimes militaires. Quant au Conseil supérieur de
la magistrature, il se compose pour deux tiers de magistrats en majorité élus
et qui élisent un président parmi leurs membres. Une Cour constitutionnelle
contrôle sur demande la constitutionnalité des lois, des traités internationaux
et du règlement intérieur de l'Assemblée des représentants du peuple.
En février 2011, le nombre
de condamnés à mort est de 130 dont quatre femmes. La dernière exécution d'une
sentence de peine
de mort remonte à
octobre 1991. Le 24 juillet 2015, le
parlement adopte une loi rétablissant la peine de mort contre des actes
terroristes.
Article détaillé : Droit tunisien.
V. ÉCONOMIE
En 2010, le produit
intérieur brut (PIB) de la Tunisie
atteint 57,17 milliards de dinars (39,58 milliards de dollars) soit une hausse de 7 % par rapport à 2009. En 1960, celui-ci ne
se montait qu'à 847 millions de dollars,
passant à 1,581 milliard en 1970, 8,634 milliards en 1980, 12,875 milliards en 1990 et 21,254 milliards en 1999. Quant à la population active, elle atteint 3,769 millions de
personnes en 2010 mais la population active occupée totalise
3,277 millions de personnes, dont près de 30 % de femmes, ce qui
représente tout de même plus du double du niveau de 1980.
D'après un rapport de
la Banque
mondiale paru en 2014, une
grande partie des réglementations adoptées par le gouvernement sous la
présidence de Zine
el-Abidine Ben Ali visait à favoriser
un cercle d'entrepreneurs proche du pouvoir. Après la chute de son régime, une
commission d'enquête est mise en place et dresse une liste de 114 personnes, dont Ben Ali, ses apparentés et ses gendres,
ayant bénéficié de cette corruption institutionnalisée. Les biens saisis
comprennent quelque 550 propriétés, 48 bateaux et yachts,
40 portefeuilles d'actions et d'obligations, 367 comptes en banques
et environ 400 entreprises. Les experts de la commission évaluent à 13 milliards de dollars la valeur de l'ensemble, soit
plus d'un quart du PIB de la Tunisie en 2011.
Après la révolution
de 2011 qui renverse Ben
Ali, le maintien de politiques
d'austérité (gel du recrutement
dans la fonction publique, baisse des subventions) et de réformes
structurelles libérales (privatisations, indépendance
de la banque centrale, ouverture du marché…), bien que modérées, réduisent le
pouvoir de régulation sociale de l'État, favorisant l'augmentation des
inégalités. Ainsi, les 10 % de Tunisiens les plus riches détiennent
40 % du revenu national. Le système fiscal est particulièrement pointé du
doigt : souvent décrit comme très inégalitaire, il taxe surtout les bas
revenus, l'évasion
fiscale étant très
importante.
Les attentats
islamistes qui ont touché
le tourisme, qui représentait près de 7 %
du PIB national, durant les années 2010, ont porté un coup à l'économie
tunisienne. Avec une croissance économique quasi nulle, le pays est proche de
la récession et connaît un spectaculaire envol de sa dette qui atteint
60 % du PIB en 2017 et 90 % en 2021. La plupart des prêts auprès
des institutions financières internationales servent à rembourser la dette
(plus de 80 % d'entre eux entre 2011 et 2016).
Article détaillé : Économie
de la Tunisie.
1. Historique
À la proclamation de
l'indépendance en 1956, le pays ne dispose pas des atouts de ses voisins
maghrébins : terres agricoles moins productives, infrastructure portuaire
moins développée, marché intérieur étriqué, épargne faible et écornée par
l'émigration des populations d'origine européenne et relations avec les
milieux d'affaires français réduits, chômage élevé et équipement industriel
embryonnaire. La priorité établie par le nouveau président Habib Bourguiba est alors de libérer l'économie
nationale du contrôle français qui avait favorisé l'agriculture et l'extraction minérale, mais
avait, en grande partie, négligé l'industrie, la Tunisie étant alors le pays le
moins industrialisé du Maghreb. Dans ce contexte, l'importance croissante de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) dans les choix économiques par
l'action de son secrétaire général, Ahmed Ben Salah, mène le pays vers l'adoption de
mesures collectivistes dans l'économie. L'expérience coopérative dure jusqu'en
septembre 1969 lorsque Bourguiba suspend Ben Salah de ses
fonctions à la suite de la parution d'un rapport confidentiel de la Banque mondiale sur le déficit des entreprises
publiques et aux pressions de l'aile pragmatique du parti. Avec l'arrivée
d'Hédi
Nouira, pragmatique gouverneur
de la Banque centrale hostile
au collectivisme, au ministère de l'Économie puis au Premier ministère, la
Tunisie se réoriente vers l'économie
de marché et la propriété
privée. Durant la décennie
des années 1970, la Tunisie connaît une expansion du
secteur privé et un développement rapide de l'emploi manufacturier. Cette
timide ouverture permet la création de nouveaux emplois et, par conséquent, le
développement d'une meilleure mobilité sociale de la jeunesse nouvellement
instruite et la croissance d'une classe moyenne.
En 1986, la Tunisie
connaît toutefois sa première année de croissance négative depuis son
indépendance. Les agitations sociales augmentent de façon dramatique pendant
cette période et l'UGTT, qui critique ouvertement la politique économique
adoptée par le gouvernement, organise des grèves et des manifestations contre
l'augmentation du chômage et la politique salariale. Le
gouvernement se met alors d'accord avec le Fonds monétaire international sur la mise en place d'un programme de reprise économique
sur 18 mois. L'objectif principal du plan est
d'accroître l'efficacité et de promouvoir les mécanismes du marché. En même
temps, il est conçu pour surmonter les conséquences sociales et politiques de
ses mesures. Les dépenses publiques sont concentrées aux secteurs de la santé,
de l'éducation, du logement et des services. Le gouvernement ne lance cependant
pas de véritables programmes avant 1987.
La privatisation se
traduit dans un premier temps par la vente de petites et moyennes entreprises avec un bon historique bancaire à des acheteurs tunisiens
présélectionnés. Depuis le lancement du nouveau programme de privatisation
en 1987, le gouvernement a totalement ou
partiellement privatisé 203 entreprises, dont de
grands établissements publics tel Tunisie
Télécom, pour une recette globale
de 5 557 millions de dinars. De plus, la non préparation de plusieurs
secteurs à l'ouverture a conduit au maintien d'un niveau de chômage élevé et
variant selon les sources de 13 % à 20 %. Pourtant, le chômage ne
touche pas que les populations les plus vulnérables : le taux de chômage
des diplômés de l'enseignement supérieur est ainsi en augmentation depuis
plusieurs années. Alors qu'il était de 4 % en 1997 et de 0,7 % en
1984, il atteint 20 % contre une moyenne nationale de 14 %, voire
près de 60 % dans certaines filières selon une enquête de la Banque mondiale. En 1959, le pays prend ses premiers
contacts avec la Communauté économique européenne. En juillet 1966, le président Bourguiba effectue une tournée en Europe
et aboutit au lancement de négociations qui conduisent à la signature d'un
premier accord commercial le 28 juillet 1969 à Tunis.
À partir des années 1970, positionnée sur des secteurs où sa compétitivité s'est érodée, tels que le textile, la Tunisie se lance dans le moins-disant social pour maintenir ses positions, en pratiquant un régime d'incitations fiscales dont des investisseurs ont su tirer profit en accroissant la précarité de leurs salariés. Le tourisme entame également une course au rabais, au détriment de la qualité. Sous la présidence de Zine el-Abidine Ben Ali, les banques publiques ont pour consigne de ne pas exiger le remboursement de leurs créances afin de maintenir à flot ce secteur et de préserver les intérêts des clans proches du pouvoir, propriétaires des hôtels. La libéralisation de l'économie est engagée dans les années 1980. souvent en faveur des réseaux proches du gouvernement : « Les privatisations ont été un lieu unique de prédation des « clans », mais aussi de distribution d'avantages et de rentes pour la bourgeoisie traditionnelle », souligne le Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme en 2011.Un accord d'association est finalement signé avec l'Union européenne le 17 juillet 1995 et entre en vigueur le 1er mars 1998 pour engendrer dès 1996 le démantèlement progressif des barrières douanières jusqu'au 1er janvier 2008.
2. Agriculture
Depuis l'indépendance de
la Tunisie, l'agriculture a enregistré des taux de croissance importants et a
permis au pays d'atteindre un niveau de sécurité
alimentaire suffisant. En dépit
du développement des autres secteurs de l'économie nationale, l'agriculture
conserve une importance sociale et économique : elle assure environ
12,3 % du PIB et emploie 16,3 % de la
main-d'œuvre en 2006. Les principales productions agricoles sont les céréales (blé et orge), les olives (2e producteur et 3e exportateur
mondial d'huile
d'olive en 2007-2008),
les dattes, les agrumes et les produits de la mer.
Si la gestion de
l'agriculture appartient encore à des établissements publics, tels l'Office des
céréales ou l'Office national de l'huile, le secteur agricole est de plus en
plus pris en charge par des groupes privés souvent présents dans l'industrie agroalimentaire tel le groupe Poulina, le premier groupe privé du pays.
Article détaillé : Agriculture
en Tunisie.
3. Industrie
En matière industrielle,
la Tunisie est le premier exportateur d'Afrique en valeur absolue : elle
est ainsi passée devant l'Afrique du Sud en 1999. Les secteurs du textile et de l'agroalimentaire représentent 50 % de la
production et 60 % de l'emploi de l'industrie manufacturière. Mais, après
avoir cru à un rythme annuel de 2,1 % (entre 2000 et 2005), l'industrie
tunisienne fait aujourd'hui face à la concurrence étrangère. Toutefois, les
exportations de produits mécaniques et électriques se sont
multipliées par cinq entre 1995 et 2005. Quatrième fournisseur de l'Union
européenne en produits textiles, elle était jusqu'en 2002 le premier
fournisseur de la France avant d'être surclassée par la Chine en 2003.
Article détaillé : Industrie en Tunisie.
4. Services
Dans le secteur des services, le développement du tourisme remonte aux années 1960 grâce à
l'action conjuguée de l'État et de groupes privés. Le secteur touristique
représente 6,5 % du PIB et fournit
340 000 emplois dont 85 000 emplois directs, soit
11,5 % de la population active occupée avec une forte part
d'emploi saisonnier. Outre le tourisme balnéaire majoritaire, le tourisme
saharien (Douz et Tozeur attirant chaque année plus de
250 000 touristes durant toute l'année) est en fort développement.
Plus récemment, le tourisme vert, la thalassothérapie et le tourisme
médical sont apparus et
croissent très rapidement.
Le secteur du commerce et
de la distribution, qui emploie plus de 500 000 personnes et
participe à 10,7 % du PIB national, se divise en deux catégories. Ainsi,
le secteur se caractérise encore par la prédominance du commerce traditionnel
avec 88 % (2006) du chiffre
d'affaires, l'essentiel des
transactions commerciales étant réalisé par de petits commerçants. La
distribution moderne, qui compte pour 12 % du chiffre d'affaires global et
regroupe des enseignes nationales et internationales, n'est apparue que lorsque
le marché s'est libéralisé en 1999.
5. Infrastructures
En matière de transport,
la Tunisie compte aujourd'hui sept ports de commerce (Radès, Sfax, Bizerte, Gabès, Sousse, Zarzis et La Goulette) tandis qu'un port en eaux profondes
va être réalisé à Enfida. Placés sous la gestion de l'Office
de la marine marchande et des ports, ils assurent à eux seuls 96 % du
commerce extérieur tunisien. Avec ses 550 000 passagers et ses
415 000 croisiéristes enregistrés en 2004, le port de La Goulette est l'une des destinations les plus appréciées
dans l'ouest du bassin
méditerranéen. La Compagnie tunisienne de navigation, société publique, est le principal armateur du pays et assure des lignes
régulières reliant les deux rives de la mer
Méditerranée (vers Marseille, Gênes, Livourne et Barcelone).
Le pays compte également
32 aéroports dont huit aéroports internationaux (Tunis-Carthage, Monastir-Habib Bourguiba, Djerba-Zarzis, Enfidha-Hammamet, Tozeur-Nefta, Sfax-Thyna, Tabarka-Aïn Draham et Gafsa-Ksar). En 2005, 39,2 % du trafic s'effectue par l'aéroport international de Tunis-Carthage.
Le transport ferroviaire assure plus du tiers des déplacements nationaux à travers un
réseau national de 2 167 km de voies ferrées. Le réseau est exploité par la Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) ainsi que par la Société des transports de Tunis spécialisée dans le transport urbain dans la région de Tunis.
Le réseau routier s'étend
pour sa part sur 19 300 km dont 12 655 km de routes goudronnées ainsi que de trois autoroutes reliant Tunis à Sfax au sud, Bizerte au nord et Oued Zarga à
l'ouest. Le secteur du transport routier domine les transports terrestres de
voyageurs et de marchandises. Il est néanmoins contrôlé par les sociétés
étrangères à cause du petit nombre d'entreprises tunisiennes.
Les infrastructures
de télécommunications sont largement
développées : le réseau téléphonique compte environ sept millions
d'abonnés en 2006 dont six millions d'abonnés mobiles et environ 12,5 % de
la population a accès à Internet en février 2007. L'opérateur public, Tunisie
Télécom, a longtemps été le seul
fournisseur de la téléphonie
fixe alors que trois
opérateurs se partagent à ce jour le marché de la téléphonie
mobile : Tunisie
Télécom, Ooredoo et Orange Tunisie.
L'Agence tunisienne d'Internet gère le réseau Web au plan national qui compte douze fournisseurs d'accès (sept
publics et cinq privés). Par ailleurs, 281 publinets (accès
publics à Internet) sont répartis sur l'ensemble du territoire.
Articles détaillés : Transport en Tunisie, Télécommunications
en Tunisie et Eau potable et assainissement en Tunisie
6. Énergie
Les ressources
naturelles de la Tunisie sont
modestes si on les compare à celles de ses voisines : l'Algérie et la
Libye. Le secteur de l'industrie est le premier consommateur d'énergie, avec
une part de 36 % de la consommation globale, suivi par le secteur du
transport avec 30 % de la consommation totale.
Le phosphate est extrait
par la Compagnie des phosphates de Gafsa dans plusieurs gisements situés dans le centre du pays et en
particulier dans la région de Gafsa. 15 % du phosphate produit sont vendus à l'état brut et 85 %
sont transformés par le Groupe chimique tunisien. En 1999, la Tunisie était le cinquième producteur mondial de phosphate
avec 5,5 % du total mondial.
Selon les estimations, la
Tunisie possède des réserves prouvées de pétrole brut estimées à 425 millions de barils en janvier 2015. La majorité est située dans le golfe de Gabès et le bassin de Ghadamès dans
le sud du pays. Le pays produit près de 55 000 barils de pétrole brut
par jour en 2015, dont la majorité provient de seulement six concessions (Adam,
Ashtart, Didon, El Borma, Miskar et Oued Zar) ne parvient pas à couvrir la
demande locale, qui se monte à 86 000 barils par jour en 2013. Le
secteur est dominé par une société publique, l'Entreprise tunisienne d'activités pétrolières dont la mission est de gérer
les activités d'exploration et de production de pétrole mais aussi de gaz naturel pour le compte du gouvernement.
Face aux limites de sa production
pétrolière, le pays se tourne de plus en plus vers le gaz naturel pour couvrir
sa demande en énergie. Le pays dispose de réserves prouvées de
65,13 milliards de pieds cubes en 2014 dont deux-tiers sont offshore.
En 2013, le pays produit 1,879 milliard de pieds cubes tout en consommant
4,079 milliards de pieds cubes durant la même année. 60 % de la
production provient des gisements exploités par British Gas, le plus important investisseur
énergétique en Tunisie, à Miskar et Hasdrubal. Les entreprises tunisiennes
constituent 19 % du marché de l'exploration et de la production du pays.
L'ETAP gère les réserves nationales et agit en tant que partenaire principal
dans presque toutes les activités d'exploration et de production car elle
détient 51 % de toutes les concessions. Mais ce sont les entreprises
américaines qui dominent avec 38 % du marché, suivi par les entreprises
européennes avec 19 %, canadiennes avec 12 % et asiatiques avec 10 %.
La grande majorité de
l'électricité du pays, gérée par la Société tunisienne de l'électricité et du gaz, est produite à base d'énergies
fossiles (95,9 % de la
capacité totale), le résidu étant produit à partir d'énergie
hydroélectrique et éolienne. Le pays dispose en 2012 d'une
capacité totale de 16,9 milliards de kWh alors que la consommation atteint
13,31 milliards de kWh4. Dans le même temps, le gouvernement
cherche à développer les énergies
renouvelables.
Article détaillé : Énergie en Tunisie
VI. DÉMOGRAPHIE
Alors que la vaste
majorité des Tunisiens tend à s'identifier culturellement aux Arabes, certaines études tendent à indiquer
qu'ils seraient ethniquement plus proches des Berbères mais aussi de certains Européens :
« Comparés avec
d'autres communautés, notre résultat indique que les Tunisiens sont très liés
aux Nord-Africains et aux Européens de l'Ouest, en particulier aux Ibériques,
et que les Tunisiens, les Algériens et les Marocains sont proches des Berbères,
suggérant une petite contribution génétique des Arabes qui ont peuplé la région
au VIIe ou VIIIe siècle. »
Toutefois, de nombreuses
civilisations ont envahi le pays puis ont été assimilées à des degrés
divers : Phéniciens, Romains, Vandales venant d'Allemagne, Ottomans et enfin Français. De plus,
beaucoup de musulmans et de juifs arrivèrent d'Andalousie à la fin du XVe siècle.
Les premiers Arabes orientaux, venus à partir du VIIe siècle avec
les conquêtes musulmanes, ont
contribué à l'islamisation de la majeure partie de l'Ifriqiya. À cette occasion se créent quelques
villes nouvelles dont Kairouan et Mahdia. C'est à partir du XIe siècle,
avec l'arrivée des tribus hilaliennes chassées d'Égypte, que l'arabisation linguistique et culturelle
devient déterminante. Certains groupes, descendants des Berbères, ont cependant
su conserver leur langue et leurs coutumes, souvent en raison de leur
enclavement géographique. En effet, de nos jours, ils habitent souvent les
régions de montagnes (Matmata, Tataouine, Gafsa ou Sbeïtla). Toutefois, les berbérophones, qui représentent un important
pourcentage au Maroc et en Algérie, restent peu nombreux en Tunisie.
On considère que la
quasi-totalité des Tunisiens est de confession musulmane sunnite, principalement de rite malikite, bien qu'il n'existe aucun
recensement couvrant l'intégralité du territoire. De la forte population juive
qui a existé durant deux mille ans, il n'en reste plus qu'une infime partie,
vivant principalement dans la région de Tunis et à Djerba, car la majorité des Juifs tunisiens ont
émigré vers Israël ou la France. Il existe également une petite population
chrétienne. Les quelques tribus nomades, minoritaires, sont pour la plupart
intégrées et sédentarisées.
La Tunisie a dépassé le
cap des dix millions d'habitants en 2005, ce qui correspond à un triplement de
sa population depuis 1956 (3 448 000 habitants) et à un
doublement depuis le début des années 1970. Néanmoins, la croissance
démographique ralentit, le pays accélérant sa transition démographique dans les années 1990. En 2012, l'indice
de fécondité est estimé à
2,2 enfants par femme. La Tunisie est aussi un pays qui connaît un taux
important d'émigration : le nombre de Tunisiens
résidant à l'étranger est évalué en 2012 à 1 223 213 personnes,
dont 84,5 % résident en Europe.
Répartition de la population
entre 1966 et 2014 |
|||||||||
Année |
Population (en millions) |
Homme (%) |
Femme (%) |
0-4 ans (%) |
5-14 ans (%) |
15-59 ans (%) |
60 ans et plus (%) |
Milieu communal (%) |
Milieu non communal (%) |
1966 |
4,533 |
51 |
49 |
18,6 |
27,9 |
48 |
5,5 |
40,1 |
59,9 |
1975 |
5,588 |
50,8 |
49,2 |
16 |
27,8 |
50,4 |
5,8 |
47,5 |
52,5 |
1984 |
6,966 |
50,9 |
49,1 |
14,6 |
25,1 |
53,6 |
6,7 |
52,8 |
47,2 |
1994 |
8,785 |
50,6 |
49,4 |
11 |
23,8 |
56,9 |
8,3 |
61 |
39 |
2004 |
9,911 |
50,1 |
49,9 |
8,1 |
18,6 |
64 |
9,3 |
64,9 |
35,1 |
2014 |
10,983 |
49,8 |
50,2 |
9,2 |
15,1 |
64,3 |
11,4 |
67,7 |
32,3 |
Articles détaillés : Tunisiens, Démographie de la Tunisie et Diaspora tunisienne.
VII. CULTURE
La culture de la Tunisie
se diversifie par un héritage de quelque 3 000 ans d'histoire et une position géographique en plein bassin
méditerranéen, berceau des civilisations les plus prestigieuses et des
principales religions monothéistes. La Tunisie a en effet été un
carrefour de civilisations et sa culture reflète les traces des cultures
punique, arabe, turque, africaine, européenne et musulmane ainsi que
l'influence des dynasties successives qui ont régné sur le pays.
1. Religion
L'islam est la religion principale et officielle de la Tunisie. La grande
majorité des musulmans tunisiens sont sunnites de rite malikite, le reste étant hanafite ou ibadites. Les Tunisiens conservent
paradoxalement quelques croyances comme le mauvais œil. Par ailleurs, le soufisme tient une grande place dans le
pays qui est parsemé de constructions blanches que sont les zaouïas. Ce sont les tombeaux
de saints qui sont censés posséder un
privilège dans l'au-delà qui leur permet d'être un lien
entre l'homme et Dieu. De nos jours, certains Tunisiens
continuent à les fréquenter et à leur demander des faveurs.
Les fêtes religieuses
musulmanes (Aïd
al-Adha, Aïd el-Fitr, Mouled, etc.) sont considérées comme
des jours fériés mais le vendredi
n'est pas chômé comme en Algérie.
Le christianisme et le judaïsme sont devenus très minoritaires
en Tunisie mais le pays se caractérise par sa tolérance et son ouverture aux
autres cultures qui ont fait son identité, notamment sur l'île de Djerba. La synagogue de la Ghriba est l'une des plus anciennes synagogues au monde et la plus ancienne
utilisée sans interruption. Beaucoup de Juifs d'origine tunisienne la considèrent comme un lieu de pèlerinage. Chaque année, des célébrations sont
organisées à raison de son ancienneté et la légende selon laquelle elle aurait
été construite en utilisant des pierres du temple de Salomon.
La Constitution de 1959 prévoit ainsi l'exercice libre de la foi tant qu'elle ne porte pas atteinte à l'ordre public. Les gouvernements des présidents Bourguiba et Ben Ali respectent généralement ce droit mais ne permettent pas l'établissement de partis politiques basés sur la religion, interdisent le prosélytisme non-musulman, la polygamie et limitent le port du hidjab, notamment dans les administrations et les écoles publiques. Les minorités religieuses connaissent néanmoins deux discriminations : le président de la République tunisienne ne peut être d'une autre confession que celle musulmane (article 40 de la Constitution) et le prosélytisme non-musulman est interdit car il est considéré comme une atteinte à l'ordre public.
La Constitution de 2014 exige de l'État qu'il garantisse la liberté de croyance et de conscience et le libre exercice du culte, protège le sacré, garantisse la neutralité des lieux de culte, diffuse les valeurs de modération et de tolérance, proscrive l'accusation d'apostasie et s'oppose à l'incitation à la haine et à la violence
Article détaillé : Religion en Tunisie.
2. Langues
La Tunisie est l'État
du Maghreb le plus homogène sur le plan
linguistique car la quasi-totalité de la population parle l'arabe tunisien, ou darija, et comprend l'arabe littéral, qui est la langue officielle du pays1, ainsi que le français. La darija tunisienne est considérée
comme un dialecte dérivé de l'arabe classique (plus exactement un ensemble de
dialectes) pour lesquels il n'existe aucun organisme officiel de
normalisation et qui est surtout parlé dans le cadre d'un dialogue
quotidien au sein de la famille. Selon des études linguistiques, il serait
proche du maltais, qui n'est toutefois pas considéré
comme un dialecte arabe pour des raisons sociolinguistiques. Le berbère est parlé par une minorité
berbérophone, surtout dans le Sud du pays.
Durant le protectorat français de Tunisie, le français s'impose à travers les
institutions nationales, particulièrement l'éducation, qui deviennent un fort
vecteur de diffusion. À partir de l'indépendance, le pays s'arabise peu à peu,
même si l'administration, la justice et l'enseignement restent longtemps
bilingues, alors que la connaissance des langues européennes est renforcée par
l'exposition de la Tunisie à ce continent par l'intermédiaire de la télévision et du tourisme. Le pays est membre de l'Organisation internationale de la francophonie depuis 1970. De plus, les
gouvernorats de Béja, Gafsa, Médenine, Monastir, Sfax, Sousse et Tunis sont
membres de l'Association internationale des régions francophones.
Les années 1990 marquent
un tournant avec l'arabisation des cours de sciences jusqu'à la fin du collège,
avec toutes les difficultés occasionnées par ce type de processus, afin de
faciliter l'accès aux études supérieures et ce dans un contexte de
réhabilitation du référent arabo-islamique dans l'espace public. En octobre 1999, les établissements commerciaux se voient contraints d'accorder deux
fois plus de place aux caractères arabes qu'aux caractères latins. Dans le même
temps, l'administration se voit contrainte de communiquer exclusivement en
arabe mais seuls les ministères de la Défense et de la Justice et le Parlement sont totalement
arabisés. Dans ce contexte, l'usage du français semble régresser malgré le
nombre accru de diplômés du système d'enseignement, ce qui conduit au fait
qu'une bonne pratique du français demeure un marqueur social important.
Puisqu'elle reste largement pratiquée dans les milieux d'affaires, l'univers
médical et le monde culturel, on peut même considérer qu'elle s'est
embourgeoisée.
D'après les dernières
estimations fournies par le gouvernement tunisien à l'Organisation
internationale de la francophonie, le nombre de personnes ayant une certaine
maîtrise du français est chiffré à 6,36 millions de personnes, soit
63,6 % de la population.
Article détaillé : Langues en Tunisie.
3. Médias
Le paysage
audiovisuel tunisien se compose
de deux chaînes de télévision publiques (Télévision
tunisienne 1 et Télévision
tunisienne 2) ainsi que de chaînes de
télévision privées nées du processus d'ouverture au secteur privé initié en
2003 et dont le nombre est renforcé après la révolution
de 2011 : Zitouna TV, Al Mutawasit TV, Al Janoubiya TV, Al Qalam TV, Hannibal TV, El
Hiwar El Tounsi, Nessma, Tunisna TV, Attessia TV ou encore TWT.
Il existe également de
nombreuses stations de radio publiques, qu'elles soient nationales (Radio Tunis, Radio
Tunisie Culture, Radio Jeunes et RTCI) ou régionales (Radio Gafsa, Radio Le Kef, Radio Monastir, Radio Sfax et Radio Tataouine), de même que privées (Radio
6, Cap FM, Chaambi FM, Express FM, IFM, Jawhara FM, Radio Kalima, Radio Al Karama, Kif FM, Mosaïque
FM, Oasis FM, Oxygène FM, Sabra FM, Shems FM, Sawt Al Manajem, Ulysse FM).
La presse écrite connaît, sous les régimes autoritaires
des présidents Habib Bourguiba puis Zine
el-Abidine Ben Ali, des périodes de
libéralisation puis de censure. La révolution constitue un
tournant, avec l'autorisation donnée à près de 200 nouveaux journaux et revues
de paraître. Les partis politiques ont
le droit de publier leurs propres journaux mais ceux des partis
d'opposition n'ont longtemps eu
qu'un tirage très limité.
4.
L'éducation préscolaire
non obligatoire, qui s'adresse aux enfants de trois à six ans, est dispensée
dans les jardins d'enfants.
L'enseignement de base est
obligatoire et gratuit, de six à seize ans, et se répartit sur deux
cycles : le premier cycle, d'une durée de six ans, est dispensé à l'école
primaire alors que le deuxième cycle, d'une durée de trois ans, se déroule au
collège.
Ce parcours est sanctionné
par le diplôme de fin d'études de l'enseignement de base permettant aux
diplômés d'accéder à l'enseignement secondaire (toujours gratuit) dispensé au
lycée durant quatre ans à partir de la réforme de 1995. Il comprend un tronc commun
d'une année (trois jusqu'en 1991) au terme duquel les élèves sont orientés vers
un deuxième cycle de trois ans comprenant sept filières (lettres,
mathématiques, sciences expérimentales, sciences techniques, sciences de
l'informatique, économie-gestion et sport) et sanctionné par le baccalauréat permettant l'accès à l'enseignement supérieur. Celui-ci compte notamment 179 établissements rattachés
aux treize universités — dont cinq à Tunis, une à Sousse, une à Sfax, une à Kairouan, une à Gabès, une à Gafsa, une à Monastir et une à Jendouba — mais aussi 24 instituts supérieurs des études technologiques (ISET).
La formation professionnelle est assurée par un ensemble d'opérateurs publics parmi lesquels
figure l'Agence tunisienne de la formation professionnelle qui assure une
tutelle pédagogique de l'ensemble des opérateurs publics et privés. Les
diplômes délivrés après une formation initiale sont de trois niveaux : le
certificat d'aptitude professionnelle (CAP) qui sanctionne un cycle de
formation d'une durée minimale d'une année après l'enseignement de base, le
brevet de technicien professionnel (BTP) qui sanctionne un cycle de formation
d'une durée minimale d'une année après la fin du premier cycle de
l'enseignement secondaire ou après l'obtention du CAP et le brevet de
technicien supérieur qui sanctionne un cycle de formation d'une durée minimale
de deux années après le baccalauréat ou après l'obtention du BTP.
Alors que 21 % du
budget national est consacré en 2008 à l'éducation nationale, le nombre
d'élèves inscrits dans les niveaux primaire et secondaire se monte à
2,1 millions en 2008 contre 2,4 millions en 2000 et 1,7 million
en 1987 ; 370 000 étudiants sont inscrits dans le même temps
dans l'enseignement supérieur, soit 27 % de la classe d'âge concernée. En
2005, le taux d'alphabétisation est de 76,2 % et le taux
de scolarisation des enfants de 12 à 17 ans,
égal pour les garçons et les filles, est de 66 %.
En 2015, le ministère de l'Éducation décide d'intégrer une solution numérique pour les élèves qui a
pour but de perfectionner la qualité de l'apprentissage.
Article détaillé : Système éducatif en Tunisie.
5. Sante
En 2013, les dépenses de
santé représentent 7,1 % du PIB du pays. En 2010, on
compte 1,22 médecins pour
1 000 habitants. L’espérance
de vie à la naissance est
de 75,9 ans en 2015, soit respectivement 73,8 ans pour les hommes et
78,1 ans pour les femmes. La mortalité
infantile est de
22,35 morts pour 1 000 naissances en 2015.
En 2020, en raison de
la pandémie de Covid-19,
l'inquiétude s'étend au corps médical. En 2021, la Tunisie franchit le seuil
des 10 000 décès, le deuxième en Afrique avec un taux de mortalité
élevé.
Article connexe : Santé en Tunisie.
6. Arts
Les productions du cinéma
tunisien restent rares et
confidentielles même si certaines rencontrent un certain succès hors de
Tunisie. Parmi les plus connues, on peut citer Un été
à La Goulette (1996) et Halfaouine, l'enfant des terrasses (1990) de Férid
Boughedir. Ce dernier, sans doute
le plus grand succès du cinéma tunisien, met en scène un enfant dans le Tunis des années 1960. Nouri Bouzid porte quant à lui sur la
réalité tunisienne un regard sans complaisance. Dans L'Homme de cendres (1986), il traite de la pédophilie, de la prostitution et des relations entre les
communautés musulmane et juive. Dans Bezness (1991), c'est le tourisme sexuel qui se trouve dans sa ligne de
mire.
Dans Les Ambassadeurs (1975), Naceur Ktari met en scène des émigrés
maghrébins en France qui y sont confrontés au racisme. Les Silences du palais (1994) de Moufida Tlatli a quant à lui été primé par
plusieurs jurys internationaux. Premier film arabe réalisé par une femme, on y
découvre la vie dans une maison aristocratique de Tunis à travers les yeux
d'une jeune fille. En 2007, le paysage cinématographique tunisien voit la
sortie de plusieurs films recevant un certain succès auprès du public tels
que Making
of de Bouzid ou VHS Kahloucha de Nejib Belkadhi.32
La musique
tunisienne est, quant à elle,
relativement diversifiée. Principalement influencée par les cultures
arabo-andalouse, arabe et occidentale, elle est le résultat d'un métissage
culturel. Son courant musical classique et le plus réputé est le malouf. Toutefois, les chants traditionnels
continuent de rencontrer un certain succès. Côté instruments, les régions
urbaines et rurales se différencient quelque peu.
En milieu urbain, ce sont
les instruments
à cordes (rebec, oud et qanûn) et les percussions (darbouka) qui dominent alors que, en milieu
rural, le chant bédouin, en plus des percussions, est accompagné d'instruments
à vent comme le mezoued et la gasba. Parmi les grands chanteurs et chanteuses tunisiens, on peut
citer Saliha, Khemaïs
Tarnane, Ali Riahi, Hédi Jouini, Latifa Arfaoui, Mohamed Jamoussi, Cheikh El Afrit, Lotfi Bouchnak ou encore Dhikra Mohamed. Chez les musiciens, on peut
également citer Salah El Mahdi, Ridha Kalaï, Ali Sriti, Anouar Brahem, Jasser
Haj Youssef ou encore Youssef Slama.
Dans le même temps, une
majorité de la population est attirée par des musiques d'origine arabe (égyptienne, libanaise ou encore syrienne). La musique occidentale actuelle remporte également un succès
important avec l'émergence de nombreux groupes et de festivals de rock, de hip-hop, de reggae et de jazz.
Le théâtre tunisien s'est
surtout développé entre la fin du xixe et le début
du xxe siècle
durant le protectorat français.
Fondé à cette époque, le Théâtre municipal de Tunis a accueilli en plus d'un siècle d'existence de grands noms de la
scène tunisienne et internationale. Le 7 novembre 1962, Habib Bourguiba consacre son discours au
théâtre qu'il considère comme « un puissant
moyen de diffusion de la culture ainsi qu'un moyen d'éducation populaire des
plus efficaces ». Toutefois, le théâtre tunisien n'a jamais connu
un réel développement. En 1970, sous l'impulsion de l'acteur Aly Ben Ayed, Caligula d'Albert Camus est traduit en arabe et les œuvres Mourad III ou Le Temps du
Bouraq de Habib Boularès maintiennent le ton de la
violence sanglante. Même si, de plus en plus, les spectacles dits de boulevard
sont restreints au profit d'un genre de spectacle plus sophistiqué, Moncef Souissi et Ezzedine Madani ont créé un théâtre
d'expression populaire et moqueur en tunisien. Le courant dit du Nouveau Théâtre
de Tunis a également repris le fil de la dérision. Nommé en 1988 à la tête du Théâtre national tunisien (TNT), Mohamed Driss lui offre une nouvelle
salle, Quatrième art, en 1996 et l'ouvre aux spectacles
de ballet, de cirque et de chant. Quant à El
Teatro, le premier théâtre privé
de Tunisie, il offre des représentations théâtrales, des spectacles de danse,
des concerts de jazz, des galas de musique arabe, des expositions d'art et des
récitals de poésie.
La naissance d'une peinture
tunisienne contemporaine est
fortement liée à l'École de Tunis mise en place par un groupe
d'artistes de Tunisie unis par la volonté d'incorporer des thèmes proprement
tunisiens et rejetant l'influence orientaliste de la peinture coloniale. Après
la peinture
expressionniste d'Amara
Debbache, Jellal
Ben Abdallah et Aly Ben Salem se font reconnaître, l'un pour
ses miniatures de style byzantin, l'autre pour son rattachement à l'impressionnisme. La vie quotidienne devient par
ailleurs l'inspiration de Zoubeir Turki et d'Abdelaziz Gorgi. L'abstraction saisit également l'imagination
des peintres comme Edgard Naccache, Nello Lévy et Hédi Turki. Après l'indépendance en 1956, le mouvement pictural tunisien entre dans une dynamique d'édification
nationale, des artistes se mettant au service de l'État. Des artistes ont ainsi
pu accéder à une reconnaissance internationale tels que Hatem El Mekki, peintre abstrait, dont la facture
rappelle celle d'Alberto
Giacometti. La jeune peinture
emboîte davantage le pas à ce qui se passe ailleurs dans le monde : Sadok Gmech puise son inspiration dans le
patrimoine national alors que Moncef Ben Amor se tourne vers le fantastique.
Dans un autre registre, Youssef Rekik réutilise la technique de la
peinture sur verre et Nja Mahdaoui retrouve la calligraphie dans
sa dimension mystique.
Enfin, la littérature
tunisienne existe sous deux
formes : en langue arabe et en langue française. La littérature arabophone remonte
au viie siècle
avec l'arrivée de la civilisation arabe dans la région. Elle est plus
importante en volume comme en valeur que la littérature en langue française qui
suit l'implantation du protectorat en 1881. Malgré la
longue histoire de la littérature tunisienne, la production nationale reste pourtant
maigre : la bibliographie nationale a recensé 1 249 livres
non scolaires publiés en 2002 dont 885 titres en
arabe. Parmi les grands auteurs tunisiens, on peut citer Abou
el Kacem Chebbi, Moncef Ghachem et Mahmoud Messadi.
7. Traditions
La Tunisie est réputée
pour ses nombreux produits
artisanaux dont les diverses
régions du pays font leur spécificité.
La poterie tunisienne est principalement issue de Guellala, ville se situant dans le sud de l'île de Djerba, dont les habitants sont à majorité berbères et dont la profession principale est le travail de l'argile. D'autres centres potiers sur le littoral tunisien existent, notamment à Tunis, Nabeul, Moknine, etc. Mais si la poterie poreuse s'identifie à Guellala, celle émaillée (jaune, verte ou brune) est la marque de fabrique de Nabeul.
La ferronnerie remonte pour sa part à l'époque andalouse lorsque l'on décorait les portes cloutées, ornement devenu caractéristique du fer forgé tunisien. Bleues par tradition,
destinées à embellir les maisons et à préserver l'intimité des habitants, ces
grilles rappellent les moucharabiehs de la tradition
arabo-andalouse, panneaux de bois sculpté qui permettaient aux femmes de
regarder dans la rue sans être vues.
La ville de Kairouan constitue quant à elle le
centre national de production de tapis. La Tunisie possède enfin une riche tradition de mosaïques remontant à la période antique.
Le costume traditionnel
est la tenue par excellence des mariages et autres cérémonies. Au niveau
national, c'est la jebba qui s'est imposée comme habit
traditionnel. Les babouches masculines sont en général de
la couleur naturelle du cuir, celles des femmes étant dans leur
majorité brodées de fils de soie, de coton, d'or et d'argent avec des motifs floraux ou des
croissants. Dans des régions du Nord et du Sud, les femmes portent
traditionnellement la melia ou le houli.
Importé par les Andalous au XVIe siècle,
le jasmin (Jasminum grandiflorumN 1) est devenu la fleur emblématique de
la Tunisie. Dès la tombée de la nuit, les vendeurs confectionnent de petits bouquets et les vendent aux passants
dans la rue ou aux automobilistes arrêtés aux carrefours. Par ailleurs, le
jasmin fait l'objet d'un langage spécifique. Ainsi, un homme qui en porte à
l'oreille gauche indique qu'il est célibataire. De plus, offrir du jasmin blanc est
une preuve d'amour alors qu'offrir du jasmin d'hiver, sans odeur, est signe d'insolence.
8. Festivals
Des centaines de festivals
internationaux, nationaux, régionaux ou locaux ponctuent l'agenda annuel. Les
festivals de musique et de théâtre dominent largement la scène culturelle
nationale.
Durant l'été ont lieu
annuellement le Festival international de Carthage (juillet), le Festival international des arts
plastiques de Mahrès (fin juillet-début
août) et le Festival international d'Hammamet. Ce sont durant les mois d'octobre-novembre qu'ont par la suite lieu
les Journées cinématographiques de Carthage alternées tous les ans aux
Journées théâtrales de Carthage. Enfin, l'année est terminée par le Festival international du Sahara qui met à l'honneur la tradition culturelle du désert tunisien.
D'autres festivals mettent
également à l'honneur la musique tunisienne traditionnelle, comme le Festival
de la musique traditionnelle, ou encore le jazz tunisien, comme Jazz à Carthage et le Tabarka
Jazz Festival.
Dans la ville de Sousse, le carnaval
d'Aoussou est un événement
festif et culturel annuel qui se déroule chaque 24 juillet. C'est un défilé composé de chars symboliques, de fanfares et de troupes folkloriques de
Tunisie et d'ailleurs qui a lieu près de la plage de Boujaafar, à la veille du
début d'Aoussou, terme désignant la canicule du mois d'août selon le calendrier
berbère. Oumouk tangou est une ancienne tradition
tunisienne d'invocation de la pluie qui semble héritée de la tradition punique, et relève de l'ancien
culte de la déesse punique Tanit (Tinit, Tannou ou Tangou).
9. Gastronomie
La cuisine tunisienne est un héritage des
diverses populations qui s'y sont succédé et mélangées en Tunisie. Elle se
distingue par l'utilisation importante d'épices et d'herbes aromatiques, notamment le piment, le safran, le gingembre, le cumin, la coriandre, le poivre, le curcuma ou le carvi. Les plats se basent essentiellement sur les produits
locaux : poissons, viandes de mouton et bœuf, blé dur et tendre ou encore une palette très large de fruits et
légumes. La base de l'alimentation est la semoule, d'où le couscous, et les pâtes.
Ces dernières sont sans
doute le plat le plus consommé, la Tunisie se plaçant au troisième rang mondial
après l'Italie et le Venezuela avec 11,7 kg par
habitant et par an, en particulier les spaghettis et macaronis servis généralement avec de
la sauce
tomate plus ou moins
pimentée et épicée, accompagnée de viande qui selon l'envie et les régions est
de l'agneau, du bœuf, du poisson, du lapin voire du poulet, même si le plat traditionnel reste
le couscous. Le pain, notamment le traditionnel pain tabouna (constitué essentiellement de
semoule de blé et non de farine) est également un aliment apprécié
de beaucoup de Tunisiens. Le fricassé est une sorte de sandwich constitué d'une pâte cuite dans
l'huile, remplie de miettes de thon, d'harissa avec parfois des olives, des câpres et des rondelles d'œufs durs ; il est vendu dans
beaucoup d'échoppes de restauration
rapide, tout comme le fameux
casse-croûte tunisien contenant les mêmes ingrédients. Un autre plat fort
apprécié est la brik à l'œuf, traditionnellement
avec des garnitures à base de thon, pomme de terre, persil, œuf et fromage. Le borghol est une
soupe à base de blé concassé et de petites fèves séchées, parfumé de cumin, d'ail, d'harissa et d'huile d'olive. La ojja, la chakchouka et les divers ragoûts se
mangent traditionnellement en y trempant son pain.
La cuisine tunisienne se
différencie quelque peu de ses voisines nord-africaines. Le tajine tunisien, contrairement à la version marocaine, consiste en une sorte de quiche à base d'œuf, viande, pomme de
terre et persil. Le couscous, lui, se caractérise par une combinaison entre les
légumes (pommes de terre, tomate, carotte, courge, pois chiche, fève, chou, navet et piment), la viande (surtout celle d'agneau) ou le poisson et la
semoule de blé dur. La mloukhiya, contrairement à la version
égyptienne, nécessite une préparation et une très longue cuisson ; on
l'accompagne plutôt de viandes rouges (comme le bœuf ou l'agneau) aux viandes
blanches (comme le lapin) et on la prépare à l'occasion du nouvel an musulman. Le Mouled est, quant à lui, l'occasion de
préparer une crème pâtissière à base de pignons de pin, l'assidat zgougou.
La pâtisserie tunisienne
est diversifiée : parmi les pâtisseries traditionnelles, qualifiées
de « pâtisseries orientales » dans
les pays occidentaux, les plus connues sont le makroud de Kairouan, la zlabia au miel et les gâteaux à base d'amandes, de fruits secs, de pignons de pin et de pistaches, dont notamment le baklawa servi lors des fêtes et des
mariages.
Article
détaillé : Cuisine tunisienne
10. Sport
Le sport en Tunisie est
marqué par la domination du football, tant sur le plan de la couverture
médiatique que du succès populaire avec 27 733 licenciés contre
13 992 pour le taekwondo, second sport le plus pratiqué dans
le pays. Toutefois, des sports comme le volley-ball ou le handball figurent également parmi les
sports les plus représentés même si des sports moins connus sont plus pratiqués
par les Tunisiens, notamment les arts martiaux (taekwondo, judo et karaté), l'athlétisme voire le tennis. D'autres grands sports comme
le cyclisme sont en revanche moins
représentés, faute d'infrastructures, d'équipements et d'intérêt médiatique
suffisants.
L'Espérance sportive de Tunis est le club de football le plus titré du championnat national,
avec 29 titres à son actif, et le plus
titré de la coupe de Tunisie avec
quinze titres à son actif ; c'est le premier club à participer à une
compétition continentale en 1971 : la coupe des clubs champions africains. Le Club athlétique bizertin devient en 1988 le premier club tunisien à avoir remporté un
trophée continental : la coupe d'Afrique des vainqueurs de
coupe. Le Club africain est le premier club
tunisien à avoir remporté la coupe d'Afrique des clubs champions en 1992. L'Étoile sportive du Sahel est le premier club tunisien à remporter la Ligue des champions de la CAF dans sa nouvelle édition le 9 novembre 2007. Le Club sportif sfaxien a
aussi remporté des manifestations continentales et régionales ; il est le
premier club à remporter deux fois de suite la coupe de la CAF en 2007 et 2008. Le derby de la capitale entre le Club africain et
l'Espérance sportive de Tunis reste l'événement footballistique phare de
l'année en rassemblant à deux reprises par saison plus de 60 000 spectateurs
et donnant lieu à un show (dakhla en tunisien) de la part des supporters des deux
équipes. Il existe d'autres classiques entre les quatre grandes équipes, l'Espérance
sportive de Tunis, l'Étoile sportive du Sahel, le Club sportif sfaxien et le
Club africain.
L'année sportive
tunisienne est rythmée par les grandes compétitions que sont les championnats (football, handball, volley-ball et basket-ball) et les coupes (football, handball, volley-ball et basket-ball) des sports les plus
populaires. En cyclisme, discipline moins suivie, sont
organisés les championnats de Tunisie de cyclisme et, de façon irrégulière,
le Tour
de Tunisie.
Mais le pays organise
également des compétitions internationales. Ainsi, la première édition de
la Coupe du monde de football des moins de 20 ans s'y tient en 1977 tout comme les phases finales des coupes d'Afrique des nations de football en 1965, 1994 et 2004, dernière édition remportée par la sélection nationale. Plus
récemment, le championnat du monde masculin de handball 2005 s'est également tenu en
Tunisie. Le championnat d'Afrique des nations
masculin de handball 2020 se
déroulera en Tunisie.
En mai 2007, le pays
compte 1 673 clubs sportifs dont les principaux sont actifs dans le
football (250) et le taekwondo (206). Viennent ensuite le karaté et ses dérivés
(166), le handisport (140), le handball (85),
l'athlétisme (80), le judo (66), le kung
fu (60), le kick-boxing (59), le basket-ball (48),
la pétanque (47), le tennis de table (45), le volley-ball (40),
la boxe (37), la natation (31) et le tennis (30).
Parmi les sportifs les
plus connus, Mohammed Gammoudi s'illustre en athlétisme, ce
qui lui permet de remporter quatre médailles aux Jeux olympiques, ce
qui en fait le sportif tunisien le plus médaillé de l'histoire du pays. La
Tunisie a également vu émerger des champions dans des sports individuels tels
que Anis
Lounifi (champion du monde
de judo) ou encore Oussama Mellouli (champion du monde et olympique
de natation). En ce qui concerne les sports collectifs, les équipes nationales
ont remporté une coupe d'Afrique des nations de football, dix championnats d'Afrique masculin de
handball, dix championnats d'Afrique masculin de volley-ball et trois championnats d'Afrique masculins de basket-ball.
Article
détaillé : Sport en Tunisie
VIII. FETES ET JOURS
FERIES
Date (calendrier grégorien) |
Nom français |
Nom local |
Commémoration |
1er janvier |
رأس العام ou رأس السنة الإدارية ou رأس السنة الميلادية |
||
20 mars |
Fête de l'Indépendance |
عيد الإستقلال |
Avènement de l'indépendance
(1956) |
9 avril |
Journée des Martyrs |
عيد الشهداء |
Répression de manifestations
nationalistes par les troupes
françaises (1938) |
1er mai |
عيد الشغل |
||
25 juillet |
Fête de la République |
عيد الجمهورية |
Proclamation de la
république (1957) |
13 août |
Fête de la Femme et de la Famille |
عيد المرأة |
Promulgation du Code du statut personnel (1956) |
15 octobre |
Fête de l'Évacuation |
عيد الجلاء |
Départ des dernières
troupes françaises de la base de Bizerte (1963) |
17 décembre |
Fête de la Révolution |
عيد الثورة |
Déclenchement de la révolution tunisienne (2010) |
Date (calendrier musulman) |
Nom français |
Nom local |
Commémoration |
1er mouharram |
Ras el-Am el-Hijri (Nouvel
an de l'hégire) |
رأس العام الهجري ou رأس السنة الهجرية |
Nouvel an |
المولد النبوي |
Anniversaire de la
naissance de Mahomet |
||
1er chawwal |
Aïd el-Fitr ou Aïd el-Saghir (Fête de la rupture du jeûne ou Petite
fête) |
العيد الصغير ou عيد الفطر |
Fin du mois de ramadan |
Aïd al-Adha (Grande fête ou Fête du sacrifice) |
العيد الكبير ou عيد الأضحى |
Sacrifice d'Abraham |
Article détaillé : Fêtes et jours fériés en Tunisie.